5/5
Synopsis
Après des mois sans que l’enquête sur la mort de sa fille ait avancé, Mildred Hayes prend les choses en main, affichant un message controversé visant le très respecté chef de police sur trois grands panneaux à l’entrée de leur ville.
Critique
Au cœur du Missouri, « 3 Billboards – Les Panneaux de la vengeance » relate les chroniques d’un village ébranlé par la provocation d’une mère endeuillée. Le récit osé d’un melting-pot émotionnel sincère, pure, violent, à la fois drôle et tragique et surtout, dérisoire.
Aussi ingénu que cela puisse paraître, Mildred Hayes choisit de louer trois panneaux publicitaires. Prosaïque sur le papier et pourtant tellement pertinent dans le rendu, l’utilisation de ces supports n’est qu’un prétexte perturbatif permettant de méticuleusement pénétrer le quotidien des habitants.
Propre aux mentalités du Sud des Etats-Unis, les rapports humains se qualifient d’une violence dans laquelle la communication, leurs interactions, leurs échanges sont banalisés par les coups et les insultes. Bien qu’au premier abord certaines situations puissent paraître virulentes, l’histoire parvient à romancer avec justesse la fermeté du ton employé, tout en donnant la parole à une Amérique oubliée, invisible, abandonnée…
Perdu dans le Missouri, l’endroit décrit des personnages aussi caricaturaux les uns que les autres selon des degrés d’attachements plus ou moins exponentiels. La haine d’une mère endeuillée, un ex-mari violent avec sa copine mineure, un nain moustachu, un shérif cancéreux et son collègue immature..Tous écorchés vif, chacun participe malgré son mal-être au déroulement d’une dramaturgie meurtrie.
Touchant, poignant, révoltant, révolutionnaire, plus que des affichages, c’est un engagement au nom d’un combat judiciaire et moral. De cette représentativité ostentatoire, Mildred cherche particulièrement à rendre un hommage solennel à sa fille, à l’image d’une pierre tombale expansive qu’elle va de plus en plus considérer, devant laquelle elle va se recueillir, entretenir des parterres de fleurs.
Plusieurs grands moments du métrage réinterprète la conception d’un mémorial dans un aspect lunaire, lorsqu’une biche apparaît comme la réincarnation de sa fille, ou dans une vision manifeste, lorsqu’un incendie volontaire brûle les panneaux. Calcinée telle la mort de l’enfant, la mère tente avec son fils d’éteindre le feu avec émotions.
Cela peut paraître étonnant compte-tenu du degré de gravité du synopsis, mais on rit beaucoup ! D’un rire pathétique sur le malheur des personnages à une dérision absurde quant à leur manière de vivre, le juste milieu du scénario parvient à minutieusement lier chaque rebondissement dans une fluide succession.
La fin n’est pas foncièrement satisfaisante, mais elle apporte une pensée simple, enrichissante et intelligente dans ce drame sociologique et bouleversant.
Bilan
Avec une profonde sincérité, « 3 Billboards – Les Panneaux de la Vengeance » libère la parole d’une Amérique oubliée autour d’une histoire dramatique splendidement romancée. Un chef d’oeuvre écrit à l’encre pure.
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