4/5
Synopsis
Entre ses obligations de maire et son rôle d’institutrice au sein du petit village de Kerguen, les journées d’Alice sont déjà bien remplies. L’arrivée dans sa classe d’Emile, un sexagénaire au caractère explosif, enfin décidé à apprendre à lire et à écrire, va rendre son quotidien ingérable. Surtout qu’Alice, qui n’avait rien vu venir, va devoir aussi sauver son village et son école…
Critique
Authentique et terre-à-terre, ce deuxième long-métrage de Mélanie Auffret est une douceur à découvrir dès que possible. Ayant obtenu le Prix du Public au Festival d’Alpes d’Huez avant même sa sortie, « Les Petites Victoires » acte l’histoire d’un succès populaire réjouissant.
La mairie, pilier résistant de la désertification
La mairie, le maire, l’école publique, la boulangerie ou encore le bistrot du coin, le métrage parle au plus grand nombre puisqu’il se réfère à des institutions auxquelles les français sont profondément attachées. En plein cœur de la Bretagne, perdu entre la verdure et les vaches, « Les Petites Victoires » valorise ces petits villages ruraux atomisés par l’agrandissement perpétuel des métropoles, cause directe de la désertification.
Pilier résistant face à la mondialisation, la mairie est devenu un lieu sacré où les gens viennent trouver une oreille attentive à leurs problèmes. Et c’est dans une simplicité pure que le film constitue un hommage éblouissant envers les maires des petites communes. Courageux et déterminés, ces héros de proximité font preuve d’un investissement permanent, de jour comme de nuit.
Les missions sont diverses et parfois inattendues, et c’est avec beaucoup d’humour que nous assistons aux multiples casquettes d’Alice Le Guennic, la mairesse interprétée par Julia Piaton. Maîtresse d’école, médecin, boulangère, elle va même jusqu’à devenir conseillère conjugale aux yeux de certains habitants.
L’illettrisme ou comment s’adapter en société
Véritable sujet de société, il faut savoir qu’aujourd’hui, l’illettrisme touche pas moins de 7% de la population française. Cette minorité, invisible du système, se débrouille essentiellement grâce à une mémoire photographique qui leur permettent de s’adapter en société.
Pour ne citer que l’exemple le plus parlant, Emile Menoux, interprété par Michel Blanc, conduit en apprenant par cœur les routes et les panneaux de circulation.
Michel Blanc tient l’affiche, Julia Piaton porte le film
Ronchon, vif et impulsif, en intégrant une classe d’enfants, le sexagénaire va finir par s’adoucir. Entouré d’une bande de bambins à croquer, l’enfant qui est en lui va se réveiller et apporter une candeur à l’histoire. Blagueur, et même parfois insolent envers la maîtresse, ce décalage rend le récit léger, attendrissant et familial.
Mais même si l’ancien acteur de la troupe des Bronzés porte l’affiche, c’est bien Julia Piaton qui porte le film… Et le village de Kerguen ! En plus de ses nombreuses responsabilités, l’actrice s’impose avec talent, jusqu’à envoyer Michel Blanc sur la chaise de réflexion !
« Les Petites Victoires » est une éclatante surprise qui réunit tous les ingrédients d’une comédie d’envergure. Touchant, drôle, d’un récit limpide presque innocent, la modestie du film et la singularité des personnages n’est pas sans rappeler « Bienvenue chez les Ch’tis » et « La Famille Bélier ». Accessible, lumineux, cet encrage au cœur de la France du terroir est plaisant à voir et donne le sourire ! Et ça fait grand bien ! Une belle victoire pour le cinéma français !
[Bande-annonce – Les Petites Victoires]
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