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Synopsis
L’incroyable histoire d’un enfant, meurtri par la vie, qui trouvera son salut grâce à l’amour que lui portent ses chiens.
Critique
Projeté lors du festival vénitien la Mostra de Venise, « Dogman » signe le grand retour de Luc Besson à l’écran. Adepte des mythologies urbaines, le réalisateur propose cette fois-ci le biopic imaginaire d’un personnage complexe qui a du mal à se positionner. À la fois héros et victime, méchant et gentil, seule la prestation de Caleb Landry Jones donne du chien au film…
Caleb Landry Jones, le « Joker » de Besson
En tête d’affiche, Caleb Landry Jones est une véritable révélation en termes de performances. Grâce à son talent exceptionnel, il parvient à se démarquer d’un tableau qui, pourtant, peine à le mettre en valeur. Maquillé, bohème et incarnant une certaine folie, la similitude avec le « Joker » de Joaquin Phoenix est flagrante et inévitable.
Même si Luc Besson nous propose encore et toujours le portrait décalé d’un marginal, le choix de l’acteur transcende tout. Sa performance ahurissante sauve inévitablement le film, et en constitue même l’un des seuls arguments valables pour le voir.
La religion du chien
Douglas, de son vrai nom, est un personnage bien plus proche des chiens que des hommes. Il estime que les animaux ont une gentillesse et une fidélité envers lui, inégalée par l’être humain. Cette sensibilité envers les animaux parlera sans aucun doute à un large public, notamment à une époque où la préoccupation pour le bien-être animal est de plus en plus présente dans nos esprits.
Or, le film s’ouvre avec une pompeuse citation de Lamartine : « Partout où il y a un malheureux, Dieu envoie un chien. » Luc Besson semble mélanger la complicité que quelqu’un peut avoir avec les animaux avec une dimension religieuse, en particulier chrétienne.
Plusieurs scènes mystiques interviennent, et il y a en permanence ce rapport indirect avec Dieu et ses pratiques. Un angle maladroitement choisit qui vire à l’embarras.
L’épisode d’un feuilleton policier
En plus de son aspect religieux malvenu, Luc Besson a profondément américanisé l’atmosphère du film. De ce fait, la mise en forme n’est absolument pas surprenante, et elle en devient même lourde.
La prison, l’interrogatoire de la psychologue, la nuit mal éclairée avec sa pluie battante, les images donnent inévitablement l’impression de revivre l’épisode policier d’un feuilleton télé.
Un fourre-tout insensé
Malheureusement, le film se limite qu’à une succession de flash-back. On s’ennuie tellement que par moments qu’on se demande s’il ne serait pas préférable de quitter la salle. Jusqu’à ce que le film reprenne de l’intérêt et nous plonge dans une parcelle de la vie de Douglas, lorsqu’il intègre un cabaret queer.
Grimé en Edith Piaf, sa prestation en playback est foudroyante. Ce qui est assez paradoxal, car on assiste à un instant grandiose de cinéma, mais cela ne suffit pas à relever la suite du métrage.
Malgré ces quelques minutes extraordinaires, « Dogman » reste un fourre-tout insensé où l’on ne sait plus où donner de la tête. Justicier, vengeur masqué, cambrioleur de riches à la manière d’un Robin des Bois, puis drag-queen, le film explore la complexité d’un personnage qui a eu milles vies.
Si le réalisateur s’était concentré sur l’une de ces facettes, il aurait pu créer un film puissant. En dépit de cela, « Dogman » donne l’impression de voir plusieurs films en un seul, sans réelle cohérence.
« Dogman » avait de belles promesses, mais malgré un acteur à couper le souffle, le film manque profondément de mordant.
[Bande-annonce – Dogman]
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