3/5
Synopsis
Susan Morrow, une galeriste d’art de Los Angeles, s’ennuie dans l’opulence de son existence, délaissée par son riche mari Hutton. Alors que ce dernier s’absente, encore une fois, en voyage d’affaires, Susan reçoit un colis inattendu : un manuscrit signé de son ex-mari Edward Sheffield dont elle est sans nouvelles depuis 19 ans. Seule dans sa maison vide, elle entame la lecture de l’oeuvre qui lui est dédicacée.
Critique
Dans ce récit aussi violent que dérangeant, ce thriller psychologique déroute dans une incompréhension volontairement malsaine dès les premières secondes. « Nocturnal Animals » ou le nouveau film de Tom Ford qui a cette particularité de jongler habillement avec trois histoires en une.
Prime abord, Susan, riche et au succès professionnel faramineux qui déteste sa vie mortellement solitaire. Les clichés cinématographiques sont emplis d’une cruelle pureté traduisant l’ennui profond d’un personnage ultra-perfectionniste cloîtré face à des douleurs de vie. Des instants d’une incroyable froideur frôlant malgré tout l’art visuel.
Deuxième aspect qui lance l’intrigue avec une perplexité anxieuse, le récit de l’ex-mari. Lorsque la femme d’affaire débute la lecture du manuscrit qu’elle reçoit, le spectateur entre littéralement dans cette histoire dénotant les scènes les plus actives du film. Révoltant.
Enfin, il y a ces instants de flash-backs : Ces moments les plus intimes que se remémorent Susan en compagnie de son ex-mari. Un démarrage avec des moments agréables, sentimentaux et d’une complicité fusionnelle jusqu’à une évolution divisée entre passion de destruction mutuelle.
Au fur et à mesure de la progression du roman, la jeune femme y décèle une forme de vengeance, qui la pousse à réévaluer les décisions qui l’ont amenée à sa situation présente, et réveille une flamme qu’elle croyait perdue. L’intelligence du scénario se réveille et tisse avec délicatesse des liens entre le passé et le manuscrit qu’elle dévore.
Ce qui est en revanche très déroutant, c’est le rythme et l’avancée du film. Quelques moments d’actions, d’autres d’intrigues, certains glauques, nous jonglons entre plusieurs histoire mais aussi entre plusieurs ambiances dont Tom Ford réussi à ne pas nous égarer un seul instant. Perturbant, efficace, à la limite de l’hypnotique, nous n’apprécions pas forcément sur le coup. Cependant, après réflexion, le métrage a quand même l’art de nous laissé des traces une fois terminé.
La qualification d’animaux nuisibles est directement destinée à Susan de la part de son ex-mari. Loin d’être un compliment, il s’agit plutôt d’un adjectif méprisant. En effet, la femme d’affaire étant une insomniaque rongée par le passé qui dort peu, Edward ironise sur leur douleur commune qu’ils partagent. Aussi, « nocturne » rime avec « nuisible », une détermination toujours plus sournoise et imagée d’une femme qui a détruit la vie d’un homme le plongeant dans l’obscurité la plus profonde.
Bilan
Vengeance, perversité, « Nocturnal Animals » a une intelligence d’écriture qui dénote. Un style décalé peu courant, dérangeant même, qui laisse réfléchir.
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