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Synopsis
Odette a huit ans, elle aime danser et dessiner. Pourquoi se méfierait-elle d’un ami de ses parents qui lui propose de « jouer aux chatouilles » ? Adulte, Odette danse sa colère, libère sa parole et embrasse la vie…
Critique
Forte de son succès, c’est après avoir obtenu le Molière « Seule en Scène » en 2016 qu’Andréa Bescond a voulu adapter son œuvre sur grand écran. En plus d’être un combat intiment personnel, « Les Chatouilles » dénonce le délicat sujet de la pédophilie avec une approche artistique singulière.
La danse au cœur du film
La danse, assez rarement exploitée au cinéma, est un exutoire pour Odette, le personnage principal. Violée dès son plus jeune âge par un proche de sa famille, elle fait de la danse, une thérapie illusoire sans réellement parvenir à surmonter son traumatisme.
Certains passages s’avèrent inutiles, comme cette scène imaginaire où elle se voit partir aux États-Unis, puis se retrouve dans un parloir. D’autres sont indispensables, notamment un medley de séquences où, en pleine tournée artistique, Odette sombre dans la drogue.
Des images crues, dures à voir
Dans « Les Chatouilles », nombreux sont les flash-back faisant référence à l’enfance de l’actrice. Présentées de manière crue, les images mettent en scène la démarche et les actes du pédophile. Cette ambiance glaciale créer une lente imprégnation psychologique, utile au spectateur pour se mettre à la place de l’enfant victime.
Ne pas pouvoir expliquer à sa mère pourquoi sa serviette est mouillée, que les tâches de sang sur sa culotte ne sont pas ses règles prématurées… Des instants acerbes, corrosifs, emprunt d’une profonde réalité où la petite fille se sent prisonnière d’un silence et d’une souffrance ahurissante.
Trois références notables
Interprétée par Carole Franck, la psychologue impose à Odette de revivre son passé pour le combattre. Au début distante, l’écart assigné par professionnalisme médical, va peu à peu se rétrécir au fur et à mesure de la reconstruction de la victime. La première fois qu’elle va dire d’elle-même avoir subit un viol, la rencontre avec son copain… Chaque étape est un pas vers un avenir plus sain.
Faisant preuve d’un talent légendaire, Karine Viard excelle en tant que mère écorchée vive. Peut être le contexte lui était-il familier puisqu’elle retrouve l’atmosphère particulier de « Polisse », film remarquable sur la Brigade de Protection des Mineurs.
Quant à Clovis Cornillac, il tempère et apporte un sens des réalités. Il ne cache pas l’amour qu’il porte à sa fille. Papa poule, mère ingrate, il y a une forme d’antithèse dans la vision éducative des parents où l’une est dans le déni complet, tandis que l’autre, aime et protège.
Confrontation, traumatisme et difficile reconstruction… Malgré une candeur froissée, « Les Chatouilles » s’achève sur une légèreté quelque peu indigeste pour un thème d’une telle gravité. Conclure sur une fin aussi positive est honorable, mais malheureusement trop utopique face à la violence des propos. Une grosse maladresse dans laquelle on se sent presque abandonné… Dommage.
Des chatouilles loin de faire rire…
[Bande-Annonce – Les Chatouilles]
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