3,5/5
Synopsis
Durant leurs études, Patrick et Art, tombent amoureux de Tashi. À la fois amis, amants et rivaux, ils voient tous les trois leurs chemins se recroiser des années plus tard. Leur passé et leur présent s’entrechoquent et des tensions jusque-là inavouées refont surface.
Critique
Réputé pour sa capacité à mettre en scène le désir, Luca Guadagnino atteint ici le summum de son talent avec « Challengers ». Ce film de printemps éveille nos hormones dans une indécence absolue. Le cinéma étant un lieu de partage, le réalisateur a pris cette expression au pied de la lettre pour nous en faire largement profiter…
L’univers sportif du tennis professionnel
« Challengers » est avant tout une découverte, celle de l’univers du tennis professionnel. D’un système méconnu du grand public, ce sport est bien moins lucratif qu’il n’y paraît. Il repose sur des circuits de matchs qui offrent aux joueurs moins bien classés, l’opportunité de progresser dans les classements.
Il devient rapidement évident que seuls les meilleurs parviennent à atteindre le statut professionnel, bénéficiant ainsi d’un soutien financier. En revanche, les autres joueurs ne sont pas rémunérés, ou seulement rétribués en fonction de leurs performances lors des matchs. Cela reste minoritaire.
« Challengers » nous offre également d’impressionnantes plans séquences des matchs de tennis. La mise en scène de ces images nous plonge au cœur de l’action, avec des prises de vue aériennes, au ras du sol, et même à travers la balle de façon immersive. Les effets spéciaux sont simples mais ils sont suffisamment efficaces pour transmettre la tension et la fureur d’une compétition de tennis.
Un intense triangle amoureux
Il faut savoir que le tennis n’est qu’un prétexte servant de support au film, « Challengers » étant avant tout le récit d’un intense triangle amoureux.
« Challengers » mélange alors des histoires temporelles croisées, qui nous permettent de comprendre progressivement les liens entre les trois personnages. Les récits fragmentés, rappelant la structure d’un thriller, se déroulent dans différents espace-temps. Cependant, l’histoire reste très classique, reposant sur les sentiments et les tribulations de l’amour.
Au départ, un enjeu sportif se dessine entre deux amis qui jouent au tennis. L’un demande à l’autre de le laisser gagner pour rendre fière sa grand-mère. Puis, Tashi Donaldson, alias Zendaya, débarque et bouleverse cette amitié. Elle devient une femme trophée et accepte cette position au fil des années… Un tantinet sexiste tout de même, non ?
Chaud, chaud les hormones !
« Challengers » s’inscrit comme une romance torride et passionnelle, dans la même lignée que « Call Me by Your Name », où le réalisateur Luca Guadagnino avait révélé Timothée Chalamet.
Ainsi, il sexualise à outrance le tennis et l’univers sportif, mettant en scène ses joueurs de manière provocante. Certaines scènes sont suggestives et érotiques, sans être pornographique. La plus marquante étant ce plan à trois entre Zendaya, Mike Faist, qui nous émoustille avec ses cheveux blonds, et Josh O’Connor, dont on rêve de lécher le torse.
Nombreuses des scènes dénudées n’apportent rien à l’histoire. Elles semblent davantage destinées à satisfaire un plaisir contemplatif. Luca Guadagnino détourne ainsi l’art visuel, généralement concentré sur des paysages, pour mettre en avant la beauté de la nudité. En témoignage cette scène dans les vestiaires masculins, avec des plans de fessiers à gogo !
Echec et match !
Même si « Challengers » demeure sexy et d’envergure, il souffre d’une esthétique à l’américaine cliché et excessivement surfait. Le film regorge de placements de produits à n’en plus finir, contribuant à un aspect tape-à-l’œil outrance. A l’image du récent « Barbie », « Challengers » capitalise sur une communication moderne, attirante mais sans fondement.
En réalité, derrière son apparence de film sulfureux au casting érotique, « Challengers » serait probablement passé inaperçu s’il avait été réalisé par quelqu’un d’autre. Le film séduit par son esthétique attrayante, mais l’histoire demeure des plus banales.
A part nous faire bander, « Challengers » n’a pas vraiment relevé le défi de nous renverser… Echec et match !
[Bande-annonce – Challengers]
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