5/5 !
Synopsis
Chouf, ça veut dire « regarde » en arabe. C’est le nom des guetteurs des réseaux de drogue de Marseille.
Sofiane, 24 ans, brillant étudiant, intègre le business de son quartier après le meurtre de son frère, un caïd local. Pour retrouver les assassins, Sofiane est prêt à tout. Il abandonne famille, études et gravit rapidement les échelons. Aspiré par une violence qui le dépasse, Sofiane découvre la vérité et doit faire des choix.
Critique
Après « Bye-Bye » en 1995 et « Khamsa » en 2008, Karim Dridi signe le troisième volet d’une trilogie marseillaise voulue. « CHOUF » est un véritable tableau dramaturge authentique enrôlé d’un décor antique et supporté par un lyrisme musical intense. Cette volonté de mise en forme soutient à un tel point l’aspect tragique du récit qu’il en découle presque un requiem. Les dialogues sont divisés entre le dialecte marseillais et les expressions arabes, un réalisme percutant qui renforce des jeux d’acteurs exceptionnellement incisifs. Et pour cause ! Le réalisateur a effectué deux grosses démarches avant de conceptualiser « CHOUF » : Il s’est réinstallé au cœur des quartiers Nord de Marseille pour s’imprégner des codes interculturels, puis il a observer le fonctionnement complet des réseaux de drogues. Ce travail documentaire en amont offre une sincérité dans l’écriture du scénario qui nage entre sentiments et valeurs. Par ailleurs, l’évolution du protagoniste offre une vision fataliste psychologiquement intrusive face à une détermination de vengeance qui le pousse à revenir à son instinct primitif des quartiers dans lesquels il a été éduqué et dont il peine à s’en extraire. Un beau come-back pour le réalisateur qui signe un portrait social résultant sur une mixité des genres entre western, thriller et romance. « CHOUF » est aux antipodes de ces films français commerciaux au beau parquet parisien et se démarque en fracassant tous ces codes conventionnels du cinéma dont nous avions finit par nous lasser. La plus belle réussite cinématographique de Dridi qui offre une jolie carte au jeune acteur Sofian Khammes, issu du Conservatoire.
Bilan
Une surprise percutante dont le réalisme découle sur un chef d’oeuvre authentique et sincère.
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