5/5 !
Synopsis
Mai 1940. La guerre s’intensifie, l’armée française s’effondre, les Allemands seront bientôt à Paris. La panique gagne le gouvernement qui envisage d’accepter la défaite. Un homme, Charles de Gaulle, fraîchement promu général, veut infléchir le cours de l’Histoire. Sa femme, Yvonne de Gaulle, est son premier soutien, mais très vite les événements les séparent. Yvonne et ses enfants se lancent sur les routes de l’exode. Charles rejoint Londres. Il veut faire entendre une autre voix : Celle de la Résistance.
Critique
Ayant réalisé « Les Patriotes », Gabriel Le Bomin avait soulevé l’omerta historique des africains ayant combattus pour la France. En s’attaquant à la biographie personnelle de Charles De Gaulle, le réalisateur rend enfin l’hommage, jusque là jamais réalisé, au fondateur de la Vème République, et lève le voile sur son histoire personnelle et familiale peu connue du grand public.
Pétain, De Gaulle, Raynaud, Mandel, tous les protagonistes historiques sont représentés au cœur des échanges politiques dans la plus haute sphère de l’Etat. En pleine crise de guerre, la reconstitution fait le choix sobre et judicieux de ne pas avoir de parti pris dans les négociations et les stratégies de guerre, notamment entre Pétain et De Gaulle. Au-delà de positions divergentes, la préoccupation première de chacun est de trouver un accord commun. Deux visions qui s’affrontent dans laquelle l’un souhaite aller au combat et défendre l’identité de nos terres, tandis que l’autre opterait pour une armistice comprenant la fin des batailles et des conditions de respect entre vainqueurs et vaincus.
Le pays s’effondre, le gouvernement glisse dans la confusion et l’incertitude, et De Gaulle, qui n’est encore qu’un colonel parmi d’autres, parvient à défaire les allemands à Montcornet dans l’Aisne. Or, il n’obtient pas le soutien politique escompté. Sa famille s’exile, lui s’isole seul à Londres pour défendre une autre vision de guerre, celle de la future France libre ! Plus il se retrouve seul, plus sa personnalité et sa ferveur se déploie, jusqu’à ce point de non-retour où il finit par être déchu et dégradé. Comme une sorte d’ascension paradoxale, Charles devient De Gaulle dans un engagement où il n’était plus rien, ni même français, aux yeux du gouvernement.
Au-delà de la version publique et politique du parcours du Général lors de cette période, le film s’appuie aussi sur l’intimité de l’ancien chef d’état. Peu ou pas connu du grand public, le récit de sa famille fuyant la guerre, le soutien inconditionnel de sa femme Yvonne en arrière-garde ou encore l’existence de sa fille Anne, trisomique, apporte des éléments biographiques complets brisant la barrière privée du futur chef d’état.
Au gré du périple de la famille du Général fuyant l’invasion allemande, et ceux, à l’échelle de n’importe quel autre citoyen, une partie de la reconstitution cinématographique s’adonne à l’exode de 1940. Routes bondées, pétions errants, et massacres sur les routes de France, les images sont bluffantes par leur qualité, impressionnante par reconstitution, et frissonnante par leur raisonnance tangible.
Petite anecdote à soulever : La gestion du son est excellemment ficelée dans l’ensemble du métrage. Qu’il s’agisse des dialogues ou de la bande originale, ce sont particulièrement les notes de silence, souvent remarquablement appuyées, qui renforcent l’intensité des instants.
Sûrement un tantinet harmonisé, ce biopic laissera les plus connaisseurs d’entre nous trouver des failles au scénario. Cependant, l’approche reste tout de même accomplie et ne raconte qu’une parcelle de la vie du personnage, notamment sur ce qu’il l’a amené jusqu’à l’appel radio tant connu du 18 Juin sur les ondes de la BBC, constituant par ailleurs l’épilogue du métrage.
« De Gaulle » s’impose comme un biopic référant du grand écran français qui, espérons-le, ouvrira le champ à de nouvelles inspirations éditoriales sur d’autres sujets connexes, comme la Guerre d’Algérie, le début de la Vème République ou encore Mai 68.
Bilan
Bien que prenant, « De Gaulle » se fait malgré tout défaut par son titre éponyme puisque « De Gaulle » devrait aussi inclure l’après-guerre. De la chute à l’ascension, c’est l’histoire du 18 Juin 1940 qui est relaté.
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