5/5 !
Synopsis
La vie d’Elvis Presley à travers le prisme de ses rapports complexes avec son mystérieux manager, le Colonel Tom Parker. De leurs relations sur une vingtaine d’années, le film explore l’ascension du chanteur à son statut de star inégalé. Le tout sur fond de bouleversements culturels et de la découverte de l’Amérique par la fin brutale de l’innocence.
[Bande-annonce – ELVIS]
Critique
« Roméo & Juliette », « Moulin Rouge ! », « Gatsby le Magnifique »… C’est sûrement son goût pour l’opulence et le grand spectacle qui a poussé le réalisateur Baz Luhrman dans les tranchants de cette nouvelle biographie. Dynamiqu et entraînant, « Elvis » raconte le mariage destructeur entre un agent et son chanteur, dans un voyage au cœur de l’Amérique profonde.
Une frappe culturelle
Ce biopic est avant tout une frappe culturelle de deux heures qui explore de multiples univers musicaux. Il nous emmène des influences afro et jazz des ghettos noirs où le chanteur a grandi, jusqu’à la troupe de cirque qu’il intègre à l’adolescence. Le film navigue habilement entre des empreintes rock and roll et une ambiance country, offrant une bande-son tout à fait magistrale.
De plus, une voix off judicieusement choisie guide le spectateur à travers ces différentes étapes, révélant progressivement des effusions pop, en particulier lorsque la star s’envole pour Las Vegas. Réputée comme la ville qui ne dort jamais, cet univers de vices et de luxure fait ressurgir les pires angoisses de l’homme. Et les comportements obscurs d’un agent obsédé par le profit…
Un rebelle qui a réunifié l’Amérique
Quoi qu’il en soit, il est difficile de tenir en place pendant une grande partie du film. Elvis Presley enflamme les jeunes femmes et galvanise les foules, mais il réussit désormais aussi à électriser les cinéphiles ! Sa musique rock & roll et son déhanché irrésistible nous entrainent. Et il est difficile de rester tranquillement assis dans son fauteuil ! C’est là l’un des signes d’un film réussi, car il transcende l’écran pour nous plonger dans l’atmosphère d’un véritable concert.
Plus qu’un chanteur, Elvis Presley était aussi militant politique malgré lui. Confronté à une montée en puissance de la branche conservatrice du pays, le film renvoie à une époque marquée par le racisme. Un temps où la ségrégation entre les Noirs et les Blancs était prédominante. Malgré le risque de blasphème et de censure par les autorités, le chanteur a bravé les conventions et a contribué à faire bouger les choses. « Elvis » raconte, de manière viscérale, l’histoire d’un rebelle qui a réussi à unifier l’Amérique en chanson.
Les années de plomb
Or, le combat politique ne s’arrête pas là. Au fil de sa carrière, ce sont les militants anarchistes d’extrême gauche qui terrifient les foules. Au cœur de ce qu’on appelle historiquement les « années de plomb », cette plongée dans les années 70 rappelle les violences et les homicides de multiples personnalités.
Il aborde notamment les chocs provoqués par les assassinats soudains de Martin Luther King et de John Fitzgerald Kennedy. Mais aussi les remises en question des mesures de sécurité lors des concerts, particulièrement après un incident lors d’un concert des Rolling Stones qui a coûté la vie à quatre personnes.
Comme tout biopic qui se respecte, « Elvis » raconte les instants majeurs de la vie privée de la personnalité. Outre la présence prédominante de son agent manipulateur, le Colonel Parker, le film aborde le décès de sa mère, l’impuissance de son père face à ses dérives, et son ascension jusqu’à Las Vegas. L’attachement au personnage et à son vécu est palpable, les émotions sont au rendez-vous, et les fans seront comblés.
Le « fashion » symbole d’une époque révolue
Informations assez surprenantes, et relativement peu connu du grand public, il fut un temps où le roi de la musique s’est éloigné de la scène. Tout d’abord parce qu’il a trouvé l’amour de sa vie et qu’il a souhaité protéger sa famille. Puis, entrainé par Tom Parker, son agent, il produit sa propre télé-réalité à l’image des Kardashian d’aujourd’hui. Des anecdotes qui font d' »Elvis » un film complet et instructif.
Il est impossible de parler de ce film sans évoquer l’esthétique absolue des images, des tenues et du casting. A coup de dorures et des bijoux flamboyants, Austin Butler incarne de manière magistrale la jeunesse d’un artiste séduisant, fan de fards à paupières et de chemise à fleurs transparentes. Loin des clichés du King tout de blanc vêtu, scintillant de strass et de paillettes, « Elvis » révèle les stigmates d’un fashion symbole lié à une époque révolue. Un carton visuel !
« Elvis » est un biopic sensationnel qui vient compléter la belle collection de film du genre. A l’image de Ray Charles dans « Ray », ces artistes d’une autre époque méritent une mise en avant par souci historique.
Plus qu’un simple film, « Elvis » est un souffle oculaire, et bien évidemment sonore, à ne manquer sous aucun prétexte. Douze minutes d’applaudissements au Festival de Cannes, labellisé Coup de Cœur par les Cinémas Gaumont Pathé, « Elvis » est unanime et s’inscrit comme un film inconditionnel. Et à ceux qui comprendront, il n’y a pas d’entourloupe 😉
[ELVIS – Découvrez les premières minutes du film]
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