« Gloria Bell » de Sebastián Lelio

Gloria Bell - Film (2019) - SensCritique

3/5


Synopsis

La cinquantaine frémissante, Gloria est une femme farouchement indépendante. Tout en étant seule, elle s’étourdit, la nuit, dans les dancings pour célibataire de Los Angeles, en quête de rencontres de passage. Jusqu’au jour où elle croise la route d’Arnold. S’abandonnant totalement à une folle passion, elle alterne entre espoir et détresse. Mais elle se découvre alors une force insoupçonnée, comprenant qu’elle peut désormais s’épanouir comme jamais auparavant…

Critique

Sûrement n’a-t-il pas été satisfait de « Gloria » avec Paulina Garcia sorti en 2013, Sebastián Lelio établit après seulement 6 ans (un écart jamais vu entre deux versions), le remake de son propre film, « Gloria Bell ». Ne pas le regarder par mémoire d’un ancien numéro raté serait pourtant une belle erreur. Ce nouveau film se veut simple, moderne, et la tête d’affiche tenue par une Julianne Moore sans artifices, impose une légèreté éclatante.

« Gloria Bell » est l’histoire prosaïque d’une femme bientôt sexagénaire en perpétuel recherche d’un serein équilibre pour la dernière partie de sa vie… Divorcée, grand-mère, une situation professionnelle stable et des amis solides, cette héroïne ordinaire manifeste un besoin de compagnie masculine affective pour être définitivement comblée.

Dans un scénario plein de bons sentiments, nous suivons les péripéties, parfois intimes, de cette dame au rythme endiablé d’un « Boogie Wonderland » ou d’un Steevie Wonder, un verre de cocktail à la main après une séance de yoga. Telle est la nostalgie d’une jeunesse qui se perpétue pour ce personnage qui sillonne les clubs de quinquagénaires et plus, dans l’espoir candide d’avoir le cœur renversé.

Gloria, rêveuse et désireuse de choses simples sans accrocs, nous partage son bonheur dans les premiers émois avec cet homme qu’elle rencontre, Arnold. Finit le rouge passion et bonjour le rose bonbon, vivre et faire des folies lui redonne le sourire, et l’emmène dans une insouciance euphorisante.

Outre cette réflexion, la réalisateur amorce une petite intrigue suspicieuse réussie et non trop prenante autour du personnage d’Arnold sur sa situation familiale franchement pas claire. Une dure étape pour notre star Gloria lorsqu’elle l’accompagne à Las Vegas, ville du jeu où la chance de cocue prend subtilement tout son sens lors d’un jeu à la roulette !

Le métrage s’appuyant sur l’âge des personnages, les complications de santé qui s’accompagnent dans l’évolution logique d’une vie, sont discrets mais tout de même bien représentés. Alors que la volonté d’arrêter de fumer impose un souci conscience à Gloria, la gaine ventrale d’Arnold et le traitement à vie pour les yeux de la femme montre bien que l’inévitable n’existe pas à 60 ans. Cependant, Julianne Moore peut se réconforter car (même si entre nous, cela est une évidence) la star ne fait pas son âge et une brève réplique du film ne manque pas de le souligner par cette question adéquate tellement d’actualité : « Vous faîtes du botox ? »

Ces soucis de santé fatalement liés au présent bénéficient d’une amplification démonstrative lorsque Gloria croise ce squelette dansant sur un trottoir. D’une traduction lyrique et littérale puissante, l’espoir d’une mort heureuse s’intensifie face à un avenir qui se réduit au fil du temps.

Être une femme d’âge mûre, au-delà de la condition physique et séductrice, c’est avant tout être une mère. Impuissante face à la fière évolution de ses enfants, elle les regarde s’installer et grandir. Un point d’accroche réussi puisque les mamans qui regarderont ce film se sentiront complètement impliqué, notamment au travers d’Anne, la cadette. Enceinte et sur le point de se marier avec un surfeur, son départ vers la Suède anéanti l’instinct maternelle de Gloria, rongée par la peur et la tristesse.

D’un esprit rêveur, « Gloria Bell » est une explosion de confettis violet qui explore tout un panel de péripéties quotidiennes dans la vie d’une femme à l’aube de ses 60 ans. Certains se rappelleront d’une version précédente lorsque, en plein mariage, la chanson « Gloria », chantée en italien et en espagnol, entame la fin du film. Sa fille se marie et s’émancipe définitivement tandis qu’elle, heureuse et solitaire, se saisie enfin d’un sentiment d’équilibre, exaltant sa joie et sa liberté.

Bilan
« Gloria Bell » sonne le glas d’une vision ankylosée de la retraite et du célibat. Place à la l’épanouissement du nouvel âge, n’attendez pas 60 ans pour voir ce film !

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