3,5/5
Synopsis
Au début du XXème siècle, le pétrole a apporté la fortune au peuple Osage. Du jour au lendemain, il est devenu l’un des plus riches du monde. La richesse de ces Amérindiens attire aussitôt la convoitise de Blancs peu recommandables qui intriguent, soutirent et volent autant d’argent que possible avant de recourir au meurtre…
[Bande-annonce – Killers of the Flower Moon]
Critique
Ce dernier film de Martin Scorsese est l’adaptation directe du livre d’enquête de David Grann, « La note américaine ». Situé au cœur de l’Oklahoma, « Killers of the Flower Moon » retrace l’histoire du génocide amérindien qui a pénétré la sphère intime d’une famille fortunée.
Une guerre silencieuse
Dans les années 1920, les Amérindiens ont été contraints par les colons de quitter leurs terres, qui, progressivement s’appropriaient le territoire. Ces chassés se sont pourtant retrouvés sur des terres riches d’une ressource précieuse, le pétrole. De là est né l’Histoire du peuple Osage. Cette découverte fortuite de l’or noir a déclenché une guerre silencieuse, attirant ainsi les pires prédateurs.
Dans cette histoire de famille, William Hale fait venir son neveu, qui cherche du travail, dans le but d’en faire son patin. Il le pousse dans les bras d’une riche Amérindienne. S’en suit une série de crimes inexpliqués qui terrorisent la région.
« Killers of the Flower Moon » est un docu-fiction qui met en lumière les bas-fonds d’une humanité corrompue par l’argent. Animé par la vanité et la soif de pouvoir, le film met en évidence le racisme flagrant de l’époque et le désir de domination par l’homme blanc, quel qu’en soit le coût.
Lily Gladstone, le visage d’un peuple en déclin
Réunir Robert De Niro et Leonardo Dicaprio était un fantasme de carrière pour Martin Scorsese. En réalisant cet exploit, ce duo confère au film une dimension légendaire dès l’affiche, inscrivant « Killers of the Flower Moon » dans la mythologie Hollywoodienne.
Mais ne vous méprenez pas, car les deux acteurs sont rapidement éclipsés par Lily Gladstone, qui incarne Mollie, la femme d’Ernest Bukhart. Dans un rôle réservé et silencieux, l’actrice se démarque de manière éclatante sans avoir besoin de parler. Ne serait-ce que par ses expressions, elle arbore un visage imprégné d’un clair-obscur, où la peur et la douleur se rejoignent constamment dans son regard.
Confrontée à une telle violence et à tant de souffrance, elle finit par porter sur ses épaules le fardeau des maux d’une humanité à bout de souffle. Elle comprend que le peuple amérindien auquel elle appartient est en train de vivre son déclin. Et que sa famille est directement impactée par l’avènement d’une nouvelle Amérique.
Les fondements de l’histoire américaine
« Killers of the Flower Moon » s’inscrit indéniablement dans le panthéon du cinéma américain. En mettant en scène le schéma historique des Blancs prêts à tout pour dépouiller une riche famille amérindienne, Martin Scorsese ravive les douloureux fondements de l’histoire américaine. Il fait resurgir les souvenirs violents et tortueux d’un passé traumatique.
De plus, grâce à sa puissance historique, le film évoque les influences financières ayant contribué à l’émergence du capitalisme moderne, qui a façonné le modèle économique des États-Unis et du monde d’aujourd’hui.
Une absence d’émotion manifeste
Malheureusement, bien que « Killers of the Flower Moon » mérite d’être vu, on ne peut passer outre un manque d’émotion manifeste. Face à des faits historiques aussi dramatiques et révoltants, il est regrettable de ne pas ressentir des larmes, de la rage ou de la colère.
Cette absence d’émotion s’explique en partie par le manque d’attachement aux personnages, en particulier à la famille de Mollie Burkhart. Donner davantage de profondeur émotionnelle à ses sœurs, les rendre plus sensibles voire séduisantes, aurait rendu le sujet encore plus poignant. Cela aurait également favorisé une véritable empathie quant au deuil et à la colère de la jeune femme.
Autre exemple frappant qu’est le vide sidéral sur la relation amoureuse entre Mollie et le neveu de William Hale. Le film ne nous donne aucune idée des sentiments qu’ils peuvent éprouver l’un pour l’autre.
« Killers of the Flower Moon » reste focalisé sur l’influence dissimulée de l’oncle au sein de la famille. Pourtant, explorer les sentiments d’Ernest envers son épouse aurait pu susciter une émotion puissante face à leur déchirement, notamment lors du procès final.
Ainsi, en l’état actuel, le spectateur n’est pas véritablement intégré dans le cercle intime des personnages. Martin Scorsese se limite à relater des faits choquants sur un fond historique d’envergure. Un joli tableau certes, mais lisse et sans panache. Dommage.
[Killers of the Flower Moon – Extrait « Beau Diable »]
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