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Synopsis
Adam, simple fils de pêcheur, intègre la prestigieuse université Al-Azhar du Caire, épicentre du pouvoir de l’Islam sunnite. Le jour de la rentrée, le Grand Imam à la tête de l’institution meurt soudainement. Adam se retrouve alors, à son insu, au cœur d’une lutte de pouvoir implacable entre les élites religieuse et politique du pays.
Critique
Réalisateur du film à succès « Le Caire Confidentiel » en 2017, Tarik Saleh s’attèle désormais à un projet plus personnel. Au cœur des luttes de pouvoir, là où politique et religion s’entremêlent, « La Conspiration du Caire » surprend et séduit.
En intégrant cette université à la réputation prestigieuse, Adam, fils de pêcheur, opère un début de transfuge de classe. Fierté, motivation et ambition, une première partie tantôt narrative, tantôt éducative, nous offre des clichés quasi documentaires sur la transmission du savoir et l’art des pratiques de la religion musulmane shiite.
De prime abord, bien que le sujet soit intéressant, la connexion culturelle est délicate. En effet, notre perception occidentale des choses se confronte à un système qui nous est inconnu et dans lequel la religion influe sur la sphère politique, et inversement.
Or, ce défaut d’affinité s’évapore très vite car le déroulé du récit finit par convaincre : Chantage, magouille et trafic d’influence, « La Conspiration du Caire » se révèle progressivement être un thriller d’espionnage excellement ficelé.
Au centre de toutes les attentions, Adam s’inclut dans un conflit tripartite entre l’université et un enquêteur de police. Lié malgré lui à un puissant scandale d’état dissimulé, le métrage impose une découverte sombre et radicalisée d’un système politico-religieux, jonchés d’affaires cachées.
Aussi, cela peut surprendre mais le réalisateur s’est accordé quelques notes d’humour pour relaxer la pression du métrage. Il a profité de cet angle pour montrer l’influence du capitalisme sur les pays orientaux, malgré l’apparence d’institutions indépendantes. A titre d’exemple, on note cette scène où l’un des professeurs de l’université a l’envie soudaine d’un McDonald’s, et réclame avec insistance, des frites « bien salées et trempées dans le ketchup ».
Le grand écran généralement dominé par des films américains du genre, l’arrivée de « La Conspiration du Caire » ouvre une niche cinématographique. L’angle oriental est intéressant et l’imprégnation culturelle est innovant. Ce film n’est qu’une brèche dans le développement de nouvelles productions à venir puisque « Les Nuits de Mashhad », également en compétition à Cannes, en est un fabuleux exemple.
« Boy from Heaven » de son titre original, suppose la découverte d’un système lugubre par le regard angélique d’un jeune adulte. D’un regard innocent, le réalisateur a sciemment choisit le prénom d’Adam dans l’allégorie d’une désillusion, celle d’une ascension descendante, allant du paradis imaginé à l’enfer pratiqué.
[Bande-annonce – La Conspiration du Caire]
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