4,5/5
Synopsis
Livrés à eux-mêmes après le crash de leur avion en pleine montagne, deux étrangers doivent compter l’un sur l’autre pour faire face aux conditions extrêmes. Réalisant qu’ils n’ont aucun espoir d’être secourus, ils tentent leur chance à travers des centaines de kilomètres de nature hostile, acceptant que ce n’est qu’ensemble qu’ils pourront trouver le courage de tenter de survivre.
« Seul au monde » ou « The Revenant » pour les plus évident d’entre eux, les films de survie se limitent à un seul et unique protagoniste. Changement de plan pour « La Montagne entre nous », Hany Abu-Assad propose deux personnages inconnus l’un de l’autre dans une lutte aussi physique que spirituelle.
N’ayant pas vocation à s’étendre, le prémisse expose les brèves présentations dans une mise en contexte de moins de cinq minutes : A la suite d’un vol annulé, Alex Martins est prête à voyager en vol privé pour se rendre à son mariage. Elle embarque hasardeusement à ses côtés Ben Bass, neuro-chirurgien, dont le déplacement relève d’une question médicale.
Au gré de ce départ volontairement précipité, la scène du crash parvient à reprendre le spectateur dans un élan de captivité rapide et choquant. La catastrophe s’emploie à un réalisme spectaculaire où chaque détail est ficelé pour un résultat… Scotchant ! L’atterrissage sonne comme le glas du commencement de la véritable histoire…
Lui est neurochirurgien, elle part se marier. Lui incarne une logique, le terre à terre rationnel et les mathématiques, elle, vit avec le cœur, se bat pour des raisons sentimentales et fait appel à son instinct. C’est sur ces bases primitives que va se développer la connaissance de deux êtres opposés et pourtant complémentaires. Face aux doutes et aux incertitudes d’une survie éventuelle, la suite peu paraître des plus évidentes quant à l’évolution de la nature de leur relation au cours du périple.
Avec ce positionnement très allégorique, Hany Abu-Assad parvient à finement associer un récit d’aventure et d’action à la plume d’un auteur. Imaginé grossièrement « Le Territoire des Loups » mélangé avec « Juste la fin du Monde » de Xavier Dolan… Improbable non ? Et pourtant réussi !
Une scène d’action initie cette ambitieuse réflexion avec l’attaque d’un puma affamé. Phénomène d’auto-défense d’une Kate Winslet en état de faiblesse, le prédateur se retrouve dans l’assiette sous une forme abstraite de survie inversée.
Autre exemple d’un subtil cliché, la course d’un lapin qui parvient à s’échapper des griffes d’un chien. L’interprétation peut paraître anodine et pourtant, la séquence suivante traduit la métaphore à travers le passé amoureux de Ben et la disparition de sa femme.
Ces petites péripéties se font rares mais n’entachent pas pour autant le degré d’intensité du métrage. Les instants d’actions raisonnent d’une violence inouïe brisant cette attente et ce combat perpétuel, sans savoir si l’issue sera la vie ou la mort.
Au cœur des montagnes enneigées, des forêts étendues et des lacs à perte de vue, « Into the wild » ou « Les forêts de Sibérie » n’ont qu’à bien se tenir ! Cette domination de clichés somptueux découlent sur un dénouement qui se veut écologique. Alors que les deux héros sont ensevelis dans une nature abondante et dominante, l’éclosion du final confronte le propos à celui de la destruction environnementale.
Vont-ils survivre ? Quoi qu’il en soit, le titre est une jolie mise en abîme représentative d’une relation compliquée où « La Montagne entre nous » peut être perçue comme une séparation ou à l’inverse, un point d’union…
Bilan
Que dire de plus ? Clichés époustouflants, une catastrophe avec des intensités d’actions, la plume d’un film d’auteur… « La Montagne entre nous » frise une douce perfection réfléchie.
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