3/5
Synopsis
Quand Ray découvre que sa femme le trompe, il décide de mettre fin à ses jours. Il se gare sur le parking d’un motel. Mais au moment de passer à l’acte, un inconnu fait irruption dans sa voiture, pensant avoir affaire au tueur qu’il a engagé.
Critique
Multirécompensé au Festival de Deauville, « LaRoy » est une comédie policière très sombre. Violent, réaliste et par moment, si drôle que ça en devient risible, ce film tourné en seulement 22 jours est une prouesse, qui nous plonge au cœur d’une Amérique désœuvré. Son intrigue est tellement bien construire qu’elle n’a d’ailleurs rien à envier aux réalisations des Frères Coen ou à « À Couteaux Tirés ».
Une comédie noire et des personnages caricaturés
Dans un mélange de genres quelque peu perturbant, « LaRoy » s’inscrit comme une comédie noire où les personnages sont délibérément caricaturés. C’est précisément cette exagération qui entraîne leurs destins à se croiser dans des situations rocambolesques.
L’acteur John Magaro incarne Ray, un looser quelque peu idéaliste. Sa femme le trompe, son frère et associé ne le respecte pas, et il refuse de faire face à la réalité. Il vit dans un déni permanent, croyant fermement que tout va s’améliorer.
Au bord du désespoir, il tente de se suicider. Cependant, lorsqu’une opportunité hasardeuse se présente à lui pour devenir tueur à gages, il échoue même à remplir sa mission. Il s’accroche malgré tout à ce mince espoir…
Un puzzle d’histoires entremêlées
La scène d’introduction de « LaRoy » est une véritable réussite. En quelques minutes seulement, et avec une maîtrise indéniable, elle pose les bases. Le démarrage qui suit est accompagné d’une musique lourde, plongeant le spectateur dans une atmosphère à la fois poussiéreuse et résolument western : Bienvenue à LaRoy !
Ce film regorge de rebondissements et de belles surprises. C’est un véritable puzzle où des dizaines de petites histoires s’entrelacent. Trahisons, exactions, violences et meurtres s’enchaînent. Le seul inconvénient de ce type de narration, réside dans son incertitude : On ignore où cela nous mène, et surtout quand cela s’arrête ! Ce qui peut alourdir la longueur du métrage.
Un détective digne d’une bande dessinée !
Parmi les personnages les plus marquants, on retrouve Skip ! Interprété par Steve Zahn, ce détective privé débutant peine à faire ses preuves. Ses méthodes peu conventionnelles ne lui assurent aucun succès, mais sa fraîcheur et sa maladresse apporte une touche d’optimisme qui contraste avec la noirceur de l’intrigue.
Digne d’une bande dessinée, Skip est un personnage cliché de bout en bout, jusque dans sa tenue vestimentaire puisqu’il enquête… En cow-boy !
Le bal des perdants
« LaRoy » nous immerge dans une atmosphère réussie, complètement hors du temps. En effet, aucune trace d’ordinateurs ni de téléphones portables, laissant l’action dans un cadre spatio-temporel flou. Le spectateur est plongé dans un village reculé du Texas, représentatif de l’Amérique profonde. C’est un environnement clos dans lequel tout le monde se connaît.
Aussi, « LaRoy » navigue au cœur d’une Amérique désenchantée, semblable à celle que nous faisait découvrir « 3 Billboards : Les Panneaux de la vengeance ». Tous les personnages croient encore en leur rêve américain, mais aucun ne parvient à le réaliser.
C’est un bal des perdants où finalement, tous sont grotesques et maladroits. Leur quête d’un bonheur impossible les entraîne inévitablement vers des compromis douteux et des arrangements immoraux.
L’argent, le nerf de la guerre
Quoi qu’il en soit, en évitant tout spoiler, sachez que l’argent demeure le nerf de la guerre. Il est l’essence même de la réussite et des relations entre les Américains. Chaque personnage aspire à posséder son propre business, à vivre dignement, et « LaRoy » se résume finalement à une histoire de personnages égarés, empêtrés dans une course aux billets.
[Bande-annonce – LaRoy]
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