2,5/5
Synopsis
Florence veut présenter David, l’homme dont elle est follement amoureuse, à son père Guillaume. Mais David n’est pas attiré par Florence et souhaite s’en débarrasser en la jetant dans les bras de son ami Willy. Les quatre personnages se retrouvent dans un restaurant au milieu de nulle part.
Critique
Film mystère de cette ouverture du Festival de Cannes 2024, « Le Deuxième Acte » a bénéficié d’une communication accrocheuse. Cynique, drôle, et efficace grâce à des dialogues percutants, Quentin Dupieux nous offre une œuvre sophistiquée. Attention toutefois à ne pas sombrer dans une forme d’élitisme et d’entre-soi…
Un mauvais film dans le film
« Le Deuxième Acte » est un film étrange dont les premières minutes sont effrayantes. On se demande ce qu’on fait là et ce qu’on regarde. La caméra est linéaire et les premières séquences sont très longues, abondantes en termes de dialogues.
Cependant, l’ensemble se dessine progressivement lorsqu’on comprend que les acteurs jouent en réalité un mauvais film, dans lequel ils n’ont aucune motivation. Il s’agit finalement d’un film dans le film, dont on ne sait rien du making-of puisque tout est centralisé sur les acteurs.
Le Business des Records sur le tournage
Il faut savoir que le Business des Records est venu sur le tournage pour vérifier les ambitions du réalisateur. En effet, Quentin Dupieux a réalisé le plus long travelling de l’histoire du cinéma, étendu sur 700 mètres. Pour les plus curieux, la scène finale nous montre pendant de longues minutes l’incroyable rail utilisé par les équipes.
Ce dispositif permet aux acteurs de tenir de très longues séquences. Ce film à texte a demandé une véritable prouesse de la part des comédiens. Léa Seydoux ne cache pas avoir dû batailler pour apprendre avec précision l’interprétation de chaque ligne.
Le plaisir du jeu
Comme dans chaque Dupieux, « Le Deuxième Acte » bénéficie d’un casting de haute volée composé de quatre stars du cinéma français, tous excellents. Le réalisateur s’amuse d’ailleurs à se jouer de leurs rôles habituels pour grossir les clichés, et en ironiser.
Par exemple, Vincent Lindon incarne un vieux grincheux obsédé par la réflexion sociale. Raphaël Quenard joue le beau gosse un peu beauf, tandis que Léa Seydoux est dans la peau d’une femme sensible.
La grande surprise de ce film est Manuel Guillot, encore inconnu du grand public. Véritable révélation, il surprend, étonne et crève l’écran. Quentin Dupieux le met en avant et le porte pour en faire une nouvelle star, à l’instar de Raphaël Quenard il y a encore quelque temps.
Un entre-soi excluant
Étant un film sur le cinéma, « Le Deuxième Acte » offre un plaisir du jeu assez exceptionnel à admirer.
Néanmoins, il faut être réaliste. Le film aborde le quotidien mouvementé de la vie d’un acteur, mais il y a ce sentiment d’entre-soi qui risque de laisser de nombreux spectateurs sur le bord de la route. On y trouve des scènes réalistes sur le harcèlement, les incompréhensions entre comédiens et le mépris de l’autre.
Mais c’est justement cet arrière-plan quelque peu égocentrique qui dérange. À part les amoureux et les grands admirateurs du cinéma, il est fort à parier que le grand public décrochera, car il ne se sentira pas inclus. La presse en fera sans doute de fabuleuses éloges, mais « Le Deuxième Acte » marquera-t-il les esprits ? Pas sûr…
[Bande-annonce – Le Deuxième Acte]
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