« Le Menu » de Mark Mylod

3,5/5


Synopsis

Un couple se rend sur une île isolée pour dîner dans un des restaurants les plus en vogue du moment, en compagnie d’autres invités triés sur le volet. Le savoureux menu concocté par le chef va leur réserver des surprises aussi étonnantes que radicales…

Critique

Généralement habitué aux grandes séries télévisées comme « Games Of Thrones », la réalisateur Mark Mylod est sorti de sa zone de confort au profit d’un thriller captivant. Une soirée qui tourne mal, un chef mégalo et un scénario hypnotisant, débarqué tel un ovni, « Le Menu » est, malgré quelques faiblesses, une satire sociale claquée sur les rouages de la haute gastronomie.

Plus qu’un repas dans un restaurant de luxe, le métrage est une expérience culinaire à huit clos aux côtés d’une poignée de privilégiés. Téléphones confisqués, direction un restaurant isolé sur une île privé, l’immersion est intégrale dès les premières secondes grâce à un jet privé spécialement affrété pour étriquer nos participants.

Alors que ces chanceux ont été sélectionnés pour savourer un repas d’exception, chaque tablée, chaque personnage représente avec sarcasme, le cliché des consommateurs de ce type d’établissements. Fortunés, habitués, qu’ils soient critiques, célèbres ou tout simplement clients fidèles, certains apprécient, mais la majeure partie accorde une maigre importance à l’élaboration culinaire. Le Chef est là pour leur rappeler le goût des bonnes choses…

Parmi cette mascarade, nous retrouvons Tyler, interprété par Nicholas Hoult. Passionné de cuisine, aveuglément admiratif, et fanatique du Chef Slowik, le jeune homme est un novice qui a entraîné sa nouvelle petite amie dans cette aventure. Jouée par Anya Taylor-Joy, Margot n’était pas prévue parmi les invités puisqu’elle est venue remplacer l’ex-copine de Tyler sans le savoir. Alors que de prime abord le rôle principal est destiné à l’ancien acteur de « Skins », le réalisateur fait un choix de casting judicieux et l’écarte vite de l’équation pour recentrer l’intrigue autour de la jeune femme, faisant d’elle, la star du film.

Repas singulier & plats élaborés, au fil d’un menu qui va se dévoiler le temps d’une soirée, le chef Julian Slowik assure une animation extrêmement ficelée. Petites anecdotes, histoires lugubres, provocations, et parfois menaces, le film surfe sur un humour grinçant, un tantinet pervers, au gré de répercussions plus ou moins mortelles.

A mi-chemin entre un « Cauchemar en cuisine » un peu trop lisse et un « Top Chef » carrément tordu, « Le Menu » se positionne dans un entre-deux tout en saveur agréable à regarder ! En revanche, bien que le film soit une initiation au prestige du luxe alimentaire, la fierté patriotique n’échappe pas à la règle ! Et oui, œuvre américaine oblige, le métrage intègre le Saint Cheeseburger dans la formule, avec un encensement grossier, mais à croquer !

Aussi, « Le Menu » soulève avec subtilité la difficile place des femmes dans le secteur de l’art culinaire. Autour d’une mise en scène atypique, un des plats va mettre en avant une des sous-chef de Monsieur Slowvik. Froide et pragmatique, celle-ci explique naturellement que malgré les tentatives de viol de son supérieur, elle a choisit de rester dans cet établissement afin de s’accrocher à ses ambitions au détriment de ses émotions. Les hommes sont invités à partir pour laisser place à la dégustation d’un plat et d’un verre de vin blanc entre femmes. Une scène matriarcale presque amicale, l’une des plus réussies du métrage.

Malheureusement, bien qu’il soit plaisant à regarder, c’est en voulant inclure beaucoup de mignardises par ci par là que le film finit par survoler trop de sujets sans réellement les aborder. Ainsi, le récit se limite à un esprit pinçant sur la haute gastronomie, et le reste se poursuit sur des lignes superficielles, souvent prévisibles.

A titre d’exemple, il aurait été appréciable que les relations entre les personnages soient plus poussées, comme cette femme qui découvre que Margot est la maîtresse cachée de son mari, ou encore ce plat, composé de pains pita, que le Chef a fait gravés et a personnalisés pour chaque client, avec des révélations compromettantes…

Quoi qu’il en soit, au-delà d’une multitude d’intrigues plutôt moyennes car survolées, « Le Menu » demeure un vrai divertissement d’angoisse et s’affirme comme un thriller psychologique de grand spectacle. Pas de gore, ni de trash contrairement à certaines attentes, les montées de tensions sont impressionnantes et l’esthétique ne manque pas de mordant ! Un vrai régal donc, même s’il nous laisse sur notre faim…

[Bande-annonce – Le Menu]

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