3,5/5
Synopsis
Sabri Lahlali est principal adjoint d’un collège de quartier. Il est prêt à tout pour que son fils, qui passe le brevet, ait le dossier scolaire idéal. Mais il ne sait pas jusqu’où son entreprise va le mener…
Critique
Au premier abord, l’affiche peut paraître abstraite mais elle met en joue un homme, seul, face à ses responsabilités. Récit d’une bavure singulière, « Le Principal » s’impose comme une œuvre courageuse qui relate l’incarnation d’une autorité bafouée.
Figure d’une réussite sociale
Issu des quartiers défavorisés alsaciens, Sabri Lahlali tente de maintenir l’ascension sociale qu’il a acquise en devenant Principal Adjoint d’un collège réputé. Avec un dossier parfait et sans encombre, l’homme se fait discret et lisse son image pour persévérer son évolution auprès de l’Académie.
Il va même jusqu’à s’éloigner de certains membres de sa famille. Son frère entre autres, instable psychologiquement, qu’il a pris le soin de mettre sous tutelle depuis sa sortie de prison.
Les défaillances de l’exercice du pouvoir
Principal adjoint, Sabri Lahlali est avant tout un père désireux de voir son fils Naël réussir. En plein brevet des collèges, l’homme va profiter de sa position pour soustraire les sujets d’examen et leurs corrections… Diviser entre assumer ou mieux régner, il va hésiter entre accuser son fils pour sauver sa carrière, ou se dénoncer au risque de tout perdre.
En plus d’ébranler notre moralité institutionnelle, l’affaire transgresse la loi et chatouille nos nerfs. Du thriller au drame, le biopic bascule d’un style à l’autre et montre les défaillances et les abus de l’exercice du pouvoir, même à petite échelle.
#PasDeVague
Cet incident étant inspiré de faits réels, « Le Principal » dénonce les failles d’un système verrouillé, dans lequel les directions supérieures se dédouanent constamment de toute responsabilité. Or, dans le cas présent et en tant que Principal Adjoint, Sabri Lahlali incarne cette même hiérarchie ! Le scandale sera sagement étouffé et l’homme, muté dans un établissement à l’autre bout de la ville.
Des faits qui renvoient nos souvenirs au top tweet #Pasdevague qui faisait suite à la mort de Samuel Paty. Pour rappel, une armée de professeurs et de parents d’élèves avaient signalés l’omerta dont faisaient preuve les académies et le ministère de l’Education Nationale lors de faits embarrassants.
Un manque de sensibilité
Malgré un trio d’acteurs de qualité (Roschdy Zem, Yolande Moreau & Marina Hands) et une affaire à scandale issue d’un fait divers, « Le Principal » se heurte à une certaine raideur. En prenant en compte la faute ultime, la faille jouissante d’une figure scolaire, le film aurait pu briser la carapace d’un homme qui a dérapé.
Ce manque de sensibilité nous laisse sur un final amer. Sabri Lahlali s’auto-punit, avec ce sentiment illégitime d’avoir obtenu la promotion qu’il rêvait… Mais à quel prix ?
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