4,5/5
Synopsis
Comment la vie de Lydia, sage-femme très investie dans son travail, a-t-elle déraillé ? Est-ce sa rupture amoureuse, la grossesse de sa meilleure amie Salomé, ou la rencontre de Milos, un possible nouvel amour ? Prise dans une spirale de mensonges, elle va faire basculer la vie de l’ensemble de son entourage.
[Bande-annonce – Le Ravissement]
Critique
Surplombé d’une voix off remarquable, « Le Ravissement » dépeint le portrait d’une femme solitaire dont la meilleure amie s’apprête à avoir un enfant. S’inspirant d’un fait divers réel, la réalisatrice Iris Kaltenbäck ausculte comment l’arrivée de ce bébé va impacter leur amitié. Du mal-être jusqu’à l’enlèvement, cette fiction audacieuse est avant tout un thriller sentimental, profondément réaliste.
Lydia, une femme mystérieuse
Interprétée par Hafsia Herzi, Lydia est une femme mystérieuse, livrée à elle-même. Après que son petit ami l’ait quitté pour une autre, elle plonge dans le déni et refuse de se prendre en main. Elle n’a pas de famille, que très peu d’attaches, et pourtant, elle déborde d’amour. Elle ne sait simplement pas comment le distribuer.
Étant la première informée de la grossesse de sa meilleure amie, l’arrivée de ce bébé devient une occasion pour elle d’exprimer tout l’amour qu’elle a à donner.
Milos, l’alter ego
Dans le même temps, elle fait la connaissance de Milos, un chauffeur de bus de nuit. Ce personnage est également une occasion réjouissante de retrouver Alexis Manenti (« Les Misérables ») à l’écran. Célibataire, mélancolique, et désenchanté par la vie, il partage de nombreux points communs avec Lydia.
La communication entre eux est fluide mais sommaire. Ils se comprennent sans avoir besoin de mots. Après une nuit torride, il avoue ne pas vouloir s’engager. Tandis qu’elle, en détresse, va tout faire pour attirer son attention, quitte à travestir la réalité. Jusqu’au mensonge ultime…
Le poids des mots
« Le Ravissement » porte le titre illusoire d’un homme et d’une femme qui ont cru être parents le temps d’un instant. De son côté, Milos découvre les joies de la paternité, tandis que Lydia, quant à elle, s’improvise mère dans le mensonge.
En tant que sage-femme, le personnage de Lydia est une figure maternelle institutionnelle censée inspirer la confiance. Cependant, après avoir menti une première fois, la jeune femme s’enfonce progressivement dans le mensonge, prenant le risque de tout perdre, quitte à enlever l’enfant de sa meilleure amie…
Alors que l’on se demande jusqu’où elle est prête à aller, « Le Ravissement » aborde de manière philosophique le poids des mots. Parler, dire la vérité, et admettre ses erreurs peut parfois être si écrasant que cette négation des faits nous pousse à commettre des actes incompréhensibles. C’est précisément dans cette spirale sans issue que Lydia se retrouve prisonnière…
La solitude urbaine
Au-delà du passionnant récit, « Le Ravissement » aborde en arrière-plan un sujet profond sur les modes de vie d’une classe moyenne terriblement abandonnée, tant sur le plan politique que social. Tous deux issus de l’immigration, Milos et Lydia vivent le triste quotidien de banlieusards sans perspectives.
Par exemple, face à Salomé et son compagnon, qui, en plus d’être en couple jouissent d’une situation avantageuse, le film met en lumière la charge financière, morale et sociale que cela représente de vivre seul dans une métropole.
Des images brutes, une voix off soignée, et un trio d’acteurs magistraux, il ne fait aucun doute que « Le Ravissement » est la surprise de cette rentrée. Ce bijou inattendu se démarque timidement comme l’un des meilleurs films du moment. Un berceau d’illusions à ne pas manquer !
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