3,5/5
Synopsis
Max, Vivian et Tom, 13 ans, sont inséparables. Ce début d’été est plein de bouleversements. La dernière usine de leur petite ville des Ardennes ferme tandis que Seb, le grand frère de Max, sort de prison. Ses combines vont peu à peu entraîner les trois adolescents dans une chute qui paraît inéluctable…
Critique
« Les Trois Fantastiques » présente le portrait brut et terriblement réaliste, d’un trio d’adolescents provinciaux. Le film se distingue des classiques qui généralement idéalisent l’enfance, dans une approche juvénile.
Dans le cas présent, le réalisateur Michaël Dichter transforme ce début d’été en une aventure violente, oscillant entre inconscience et innocence.
Du teen movie au polar dramatique
« Les Trois Fantastiques » est un mélange de genres pleinement assumé. Le film démarre comme un teen movie, avec des collégiens à l’approche des vacances d’été. On ressent les premières chaleurs, les longues soirées et l’excitation des premières fêtes. Il y a un sentiment plaisant, teinté d’insouciance, mais progressivement, le ton va se faire plus dramatique…
Ce qui commence comme une épopée estivale dans la campagne ardennaise prend une tournure plus sombre, presque policière. L’innocence qui leur reste s’évanouit progressivement au fil du film. Ils vont ainsi recevoir une dure leçon de maturité à travers les épreuves qu’ils vont affronter…
Le visage d’une France défigurée
Au-delà de la fiction, « Les Trois Fantastiques » aborde de front le visage d’une France défigurée, abandonnée par les institutions et le système politique. Tiraillée par la pauvreté, certains se retrouvent poussés vers la délinquance pour survivre.
C’est le cas du grand frère de Max, joué par Raphaël Quenard, tout juste sorti de prison. Son influence est inévitable sur son cadet, qui est prêt à tout pour financer son séjour en colonies de vacances, même s’il doit enfreindre la loi.
Une lutte des classes insidieuse
Entre Max, Vivian et Tom, une lutte des classes va également ébranler leur amitié. Tandis que Tom vit dans une famille aisée, ses parents peuvent facilement payer sa colonie de vacances. Vivian et Max, quant à eux, doivent user de malices et de magouilles pour y parvenir.
De plus, « Les Trois Fantastiques » porte un regard social incisif quant à la misère en dehors des grandes métropoles. Ce petit village du Grand Est est durement touché par des fermetures d’usines. La désindustrialisation est en marche, et les familles de deux des amis sont directement affectées, alors que le père de Tom fait partie de la direction.
Une distance insidieuse se creuse entre les trois camarades. Une fracture semble se dessiner, comme si leur condition sociale commençait à les séparer malgré leur amitié.
Un film représentatif de la ruralité française
Entre thriller et aventure, les personnages basculent progressivement vers des dérapages durs et sombres.
Finalement, le message que le réalisateur a voulu transmettre à travers « Les Trois Fantastiques » est que dans les milieux modestes, chacun doit, dès le plus jeune âge, faire face à la débrouille et au système D.
« Les Trois Fantastiques » est d’autant plus intéressant qu’il ne se concentre pas sur les banlieues. Il explore avec sincérité la ruralité française, souvent négligée et marginalisée, avec toute la précarité qui la caractérise.
Porté par Emmanuelle Bercot et Raphaël Quenard, le trio de copains révèle notamment Diego Murgia dans le rôle de Max. Déjà à son quatrième métrage, son talent pourrait bien marquer le cinéma français dans les années à venir, si ce n’est lui valoir un César de la Révélation Francophone prochainement !
[Bande-annonce – Les Trois Fantastiques]
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