« Light of my Life » de Casey Affleck

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3/5


Synopsis

Dans un futur proche où la population féminine a été éradiquée, un père tâche de protéger Rag, sa fille unique, miraculeusement épargnée. Dans ce monde brutal, la survie passe par une stricte discipline, faite de fuite et de subterfuges. Mais il le sait, son plus grand défi est ailleurs : Alors que tout s’effondre, comment maintenir l’illusion d’un quotidien insouciant et préserver la complicité fusionnelle avec sa fille ?

Critique

Alors que l’affiche du film laissait à penser à un remake copier-coller de « The Road » sorti en 2009, le scénario de « Light Of My Life » marque très rapidement ses différences. Dans une ambiance post-apocalyptique, égale à celle d' »It Comes At Night » pour les plus passionnés, l’histoire narre une parcelle de vie entre un père et sa fille, après une mystérieuse catastrophe, dans un monde qui tente péniblement de se reconstruire.

Il y a une connexion progressive qui s’installe avec notre entre le film et notre quotidien réel en imaginant un lendemain où le sexe féminin aurait été décimé de l’espère humaine. Il ne resterait alors qu’une planète dominée par la virilité de l’homme où, sur le long terme, les rapports finiraient par devenir plus brutes, plus sauvages, plus violent. C’est face à cette atmosphère difficile à appréhender que le père tente vainement de protéger sa fille.

Forêt, neige, cabane dans les bois, le film bénéficie de nombreux plans séquences aux photographies fixes en pleine nature. Ces décors et ces images, souvent immobiles, rassurent, apaisent et abordent un degré écologique puissant, puisqu’être en pleine nature est finalement comme une garantie de survie certifiée dans ce contexte apocalyptique.

L’événement apocalyptique sur lequel se déroule le récit vise à poser les enjeux d’un éternel conflit entre parents et enfants. Alors que les ainés sont dans la transmission, l’éducation et la protection, les plus jeunes ont cette volonté de détachement et d’indépendance, celle de se débrouiller seul. « Light of my life » dépeint de cet éveil entre l’enfance et la vie adulte dans un triste monde où l’être grandissant est soumis à une menace permanente.

De ce fait, il apparaît que le film fait intelligemment écho à notre époque. Non seulement les menaces naturelles et sanitaires s’accumulent, mais il y a aussi ces interrogations persistantes sur l’évolution de l’humanité, de la liberté de la femmes et du vivre-ensemble au sens, non pas politique, mais large du terme. C’est là que se dessine la vision « anticipative » de cette fiction.

Imaginé par le réalisateur comme un conte pour adultes, « Light Of my Life » met en valeur une profonde humanité au travers ce père monoparental prêt à tout pour son enfant. Or, bien que l’amour et l’éducation soit omniprésents, l’autre défi qui s’impose à lui est de faire secrètement le deuil de sa famille disparue et qu’il crut invincible…

Même si la maman n’apparaît que dans quelques flashbacks, ces scènes montrent l’histoire d’amour d’un couple lambda avec toutes ses péripéties : Le bonheur d’avoir un bébé, la découverte, la maladie, l’éduction de l’enfant, puis la prise de conscience de sa mort. Son absence représente cette étincelle de joie manquante à laquelle Rag et son père tentent en vain de se raccrocher. Tout en restant soudés, ils s’appuient sur les fondations familiales traditionnelles. Voilà tout un angle conservateur exploité dans un film à réflexion d’avenir.

Il faut bien évidement noter qu’une des clés majeurs à l’origine de la réussite du projet repose sur la jeune actrice Ana Pniowsky, alias Rag. Incarnant une jeune fille contrainte de faire semblant d’être un garçon, elle a relevé ce challenge bluffant lui imposant un double rôle fictif.

Epique et intime, émotionnel et en même temps lucide, « Light of my Life » aborde la vie et ses leçons, le monde et l’humanité, sans pour autant tirer de conclusion hâtive ou arbitraire. Mise à part la démonstration universelle de la relation parent-enfant, il n’y a pas de moralité finale, la volonté assumée du réalisateur étant que chacun s’identifie à la lumière qui le rattache dans cette aventure…

Bilan
Post-patriarcat d’un constat apocalyptique fictif ou anticipatif… ?

[Bande-annonce – Light of my life]

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