3,5/5
Synopsis
En raison d’une épidémie de grippe canine, le Maire de Megasaki ordonne la mise en quarantaine de tous les chiens de la ville, envoyés sur une île qui devient alors l’Île aux Chiens. Le jeune Atari, 12 ans, vole un avion et se rend sur l’île pour recherche son fidèle compagnon, Spots. Aidé par une bande de cinq chiens intrépides et attachants, il découvre une conspiration qui menace la ville.
Critique
Réputé pour sa marque de fabrique légendaire, Wes Anderson sort les crocs et dézingue l’animation classique grâce à « L’Île aux Chiens », une oeuvre brute et détonante.
Bien qu’au premier abord, les éléments graphiques peuvent paraître archaïques, l’animation base sa construction visuelle au profit d’un recyclage des matières premières. Créer l’univers d’une île de déchets avec des personnages issus d’une politique de non gaspillage, voilà ce à quoi correspond habilement la destinée écologique qu’entreprend le métrage.
Cette sensibilité visant à protéger notre planète et nos ressources se joint à une actualité dont la résonance se veut anticipative.
« L’Île aux Chiens », c’est aussi un rapport culturel direct avec la société chinoise. En prenant au pied levé le mythe du chat tant ancré dans les traditions locales, Wes Anderson traduit à travers ce virus canin fictif, une peur de l’étranger. Les chiens sont exclus, pour certains exterminés et le reste est envoyé sur une terre isolée.
Cet attrait politiquement engagé s’étend ensuite sur le fil conducteur du récit : Des chercheurs ayant trouvé un remède médical pour contrer la maladie, le régime dictatorial chinois impose une diplomatie du silence. Rien ne doit s’améliorer. Le film s’engage dans la dénonciation d’un système pourri jusqu’à l’os…
Quoi qu’il en soit, l’intégration du personnage d’Atari est là pour faire preuve de contre-exemple et rappeler que le chien reste le meilleur ami de l’homme. Il y a, dans nos sociétés, un besoin d’affection réciproque avec l’animal, et cette mise en narration des personnages canins offre au spectateur une intégration au sein du groupe des chiens.
Entre autre, Spots, l’outsider rebelle du groupe, manifeste cette nécessité éternelle de présence humaine mais déçu, il la réfute. Jusqu’à l’arrivée d’Atari…
D’un style manant, cette animation atypique est une savoureuse aventure pleine d’harmonieux sentiments. Rustre, cynique, drôle mais juste, voilà le cocktail inhabituel d’une fable moderne qui a du mordant !
Bilan
« L’Île aux chiens », une interprétation rugueuse à prendre dans le sens du poil.
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