
4/5
Synopsis
Dans les années 30 à Paris, Madeleine Verdier, jeune et jolie actrice sans le sou et sans talent, est accusée du meurtre d’un célèbre producteur. Aidée de sa meilleure amie Pauline, jeune avocate au chômage, elle est acquittée pour légitime défense. Commence alors une nouvelle vie, faite de gloire et de succès, jusqu’à ce que la vérité éclate au grand jour…
Critique
Nouveau rendez-vous pour cette succulente pépite écrite par François Ozon, et pas des moindres ! Avec des histoires toujours aussi différentes les unes que les autres, ce caméléon du cinéma français ne manque pas d’encore une fois nous surprendre. Dans une comédie farfelue qui met la femme à l’honneur, « Mon Crime » n’est autre que la version édulcorée, glamour et amusante d’une pièce de 1934.

La maîtrise du verbe
« Mon Crime » est un univers particulier dont le quart d’heure d’entrée réclame un temps d’acclimatation. En effet, langage soutenu, rythmiques, compréhensions, dans cette ambiance vaudevilienne des années 30, les premières scènes déroutent, notamment celle avec Franck De Lapersonne, en bon propriétaire qui réclame son loyer.
Mais rassurez-vous car une fois embarqué, il n’y a qu’à savourer les attraits flamboyants de cette comédie burlesque à outrance. L’humour est fin, les répliques fusent et c’est ainsi que le film s’apprécie, par un plaisir pur du texte. Semblable à l’exigeante précision théâtrale, les qualités de jeu impressionnent grâce à une minutieuse incarnation des dialogues. Chaque mot, chaque expression, chaque accentuation est savoureusement étudiée.

Voyage au cœur des années folles !
Autre point visuel assez exceptionnel : Le décor ! Brillant de mille feux, l’opulence des années d’or de l’art déco est scrupuleusement respectée jusque dans les moindres détails. De l’architecture des bâtiments, jusqu’aux ornements intérieur, portes, lampes, tableaux, nombreuses sont les pépites auxquelles les plus passionnés prêteront attention.
Mais cette stylisation des années folles ne s’arrête pas là, et passe bien entendu par les costumes. Volontairement caricaturées, les tenues s’inspirent des plus grands métrages de l’époque. Et c’est bien ce qui constitue le charme de cette œuvre, puisqu’il y a perpétuellement cette idée que nous assistons à une pièce des grands boulevards, en plein entre deux guerres. Et l’immersion est réussie !

Moderne, drôle et piquant à la fois
Au-delà des apparences, « Mon Crime » baigne dans une modernité au travers des deux personnages principaux, Madeleine Verdier et Pauline Mauléon. Toutes deux colocataires, ces amies intimes partagent tout, au point de dormir dans le même lit ! Sujet à débat pour une époque où les mœurs étaient encore dans la retenue. Et c’est ainsi que l’une entraînant l’autre, elles vont se saisir d’une opportunité et rassembler leurs forces avec comme seul objectif : la gloire !
Très habile, François Ozon jongle entre un puritanisme d’antan, et les débats d’aujourd’hui autour de l’égalité des sexes et du phénomène Me Too. Il s’agit d’un film éminemment féministe mais, bien entendu, l’ensemble est à considérer sur un ton léger, où rien n’est à prendre au sérieux.
Se jouant d’une certaine immoralité, le réalisateur va plus loin, et apporte un contraste sadique, bien que délicieux. En effet, ces femmes, de tous âges et de tous horizons, parviennent chacune à leurs fins en usant du mensonge, de la séduction et de la manipulation. Drôle et piquant à la fois, génial non ?

Une multitude d’acteurs prestigieux
« Mon Crime » c’est aussi un casting extrêmement large, allant de révélations récentes (Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder & Félix Lefebvre), à des superstars incontournables du cinéma français (Dany Boon, Isabelle Huppert, André Dussolier & Fabrice Luchini) jusqu’à des visages qui avaient disparus, agréable à retrouver (Régis Lasaplès & Franck De Lapersonne).
Avec autant de comédiens que d’horizons dans un même film, le réalisateur s’éclate et mélange les styles. D’une répartition surprenante, François Ozon à l’audace d’offrir des seconds rôles à des acteurs de renoms, tout en les mettant en avant dans des personnages friands.
Petit clin d’œil aux deux têtes d’affiches Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder. Toutes deux révélées lors des Césars 2023, ces deux célébrités en pleine ascension, signent leur première grande affiche avec une place de qualité incroyablement méritée.
[Bande-annonce – Mon Crime]
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