5/5 !
Synopsis
Pendant dix années idylliques, la jeune Mija s’est occupé d’Okja, un énorme animal au grand cœur, au beau milieu des montagnes de Corée du Sud. Mais la situation évolue quand une multinationale familiale capture Okja et transporte l’animal jusqu’à New York. Lucy Mirando, directrice narcissique de sa propre entreprise, a de grands projets commerciaux. Sans vraiment savoir comment s’y prendre, Mija se lance dans une véritable mission de sauvetage.
Critique
Finalement interdit dans les salles françaises après sa controverse au dernier Festival de Cannes, « OKJA » est un électrochoc sensationnel bien plus frappant que dérangeant.
Le métrage commence en abordant frontalement l’inquiétude des ressources naturelles manquantes face à la surconsommation mondiale. Les innovations artificielles sont donc nombreuses pour assouvir ces incapacités, dont OKJA, ce « Super Cochon » pensé pour rassasier une partie des vivres de la planète…
Ayant grandi dans les montagnes de la Corée du Sud auprès de Mija, la première démarche du scénario est d’humaniser la bête. Si certains auraient tendance à qualifier la complicité de « niaiserie », elle en est pourtant une constituante essentielle dans la connexion entre l’homme et l’animal afin de faciliter l’émanation des subliminaux qui suivront.
En effet, les bases de cette ironie capitalistique entretenant un crescendo minutieux, beaucoup sont les messages imagés et les idées faussement cachées.
L’atout majeur du film est incontestablement le décor. Harmonisé par une verdure d’exception, le métrage commence avec une zénitude en pleine forêt au cœur des montagnes. Les photographies relèvent d’un art visuel époustouflant. Sans transition, c’est ensuite dans l’univers froid et tendu des affaires bureaucratiques de New-York que se poursuit le périple.
Dans une volonté d’établir petit à petit une réflexion sur la violence animal, Joon-Ho Bong entame au beau milieu du film la brillante (et perverse…) idée de confronter le Docteur Johnny Wilcox et OKJA dans une cellule semblable à un numéro de « Saw ». Avec un carrelage blanc légèrement tacheté de sang et un jeu d’acteur de la part de Jake Gyllenhaal glaçant, la scène instaure un mal aise digne d’un des épisodes d' »American Horror Story Asylum ».
La scène finale, quant à elle, fracasse. Les animaux maltraités se retrouvant tous dans des enclos barbelés, l’inspiration culottée des camps de concentrations de la Seconde Guerre Mondiale traduit une des polémiques autour du film. C’est précisément sur ce point que le réalisateur réussi à faire réagir en élargissant son champ d’attaque culturel à l’international.
Il y a cette évidente confrontation entre amour et argent mais il est savoureux de constater que les protagonistes de la société occidentale, avide de pouvoir, sont tous malheureux : Les soeurs Mirando se battent pour le contrôle de l’entreprise, le Docteur Johnny Wilcox est un dépressif alcoolique ou encore l’assistante de direction, nerveuse et hypocrite. Face à cela, Mija et son grand-père démontrent un bonheur simple et sincère, en pleine montagne et loin de ce monde emprisonné par le capitalisme.
Quel qu’en soit l’issue du récit, « OKJA » détient une telle force de conviction qu’il en ébranle nos modes de vie et remet en question tout un système dominant.
Bilan
Le cinéma s’est retourné pour ne pas révéler ce qu’il en était… « OKJA » est un engagement puissant et poignant avec une perfection cinématographique rarement égalée.
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