4/5
Synopsis
A 12 ans, Nora et Hae Sung sont amis d’enfance, amoureux platoniques. Les circonstances les séparent. A 20 ans, le hasard les reconnecte, pour un temps. A 30 ans, ils se retrouvent, adultes, confrontés à ce qu’ils auraient pu être, et à ce qu’ils pourraient devenir.
Critique
Il existe des films dotés d’une magie inexplicable. « Past Lives » en fait humblement partie. Tel un baume au cœur, cette délicate chronique entre deux âmes sœurs traverse les décennies. Retour sur cette déchirante histoire d’un amour impossible…
Une submersion émotionnelle prodigieuse
« Past Lives » est un film surprenant qui s’attarde à tisser tous les détails d’une histoire authentique. Bien que la romance puisse sembler des plus banales, elle possède une dimension universelle qui résonne en chacun de nous.
La réalisatrice Celine Song a choisi une histoire d’amour qui aurait pu facilement sombrer dans les clichés les plus prévisibles. Mais en faisant preuve d’une immense finesse, elle a construit une architecture émotionnelle fabuleuse, nous transportant hors du temps.
Tout est subtil, hypnotique, et à l’image de « Aftersun » sorti l’an passé, « Past Lives » nous fait vivre un moment enivrant de beauté, créant une submersion de nostalgie prodigieuse.
Triste ou nostalgique ?
La mise en scène de « Past Lives » se révèle à la fois suave et profondément poétique. Elle créée une connexion empathique avec chaque personnage. Que ce soit Nora, son mari Arthur, ou son amour d’enfance Hae Sung, il est impossible de blâmer qui que ce soit dans cette situation délicate.
La précision des dialogues est au millimètre près, laissant place à l’extrapolation des non-dits. Chaque geste, chaque mot est pesé, pensé et ressenti. « Past Lives » incarne la verbalisation d’une sensibilité, cherchant à être subtil jusque dans le moindre détail.
Triste ou nostalgique ? Quoi qu’il en soit, le film nous amène à réfléchir à nos propres vies, aux rencontres passées qui ont parfois stagné, timidement évolué, ou que l’on a tout simplement perdues de vue.
L’évolution du monde contemporain
Ce qui rend « Past Lives » d’autant plus saisissant, c’est la proximité des personnages avec notre réalité. Après avoir partagé leur enfance en jouant au ballon à la sortie de l’école en Corée, ils se retrouvent sur les réseaux sociaux, aux prémices de Facebook. Puis, dix ans plus tard, ils se rejoignent à New York alors que leurs vies sont établies.
Le film illustre parfaitement l’excitation des débuts de Facebook, marqués par la facilité de retrouver quelqu’un. Une révolution de l’époque ! Cependant, avec l’intégration de la plateforme dans notre quotidien, nous sommes devenus confiants dans l’idée qu’il est toujours possible de rester en contact avec qui que ce soit. Cependant, la réalité est que souvent, on finit par s’oublier mutuellement…
Aussi, lorsque Hae Sung rejoint Nora à New York, « Past Lives » illustre également que, au fil des décennies, voyager d’un pays à l’autre s’est grandement démocratisé. Alors qu’il était financièrement bloqué, Hae Sung n’a pas hésité à partir avec son sac à dos quelques années plus tard.
Ainsi, « Past Lives » correspond parfaitement aux caractéristiques de notre époque, et à l’évolution du monde contemporain au cours des dernières décennies.
New York, un cocon romantique
Au-delà de la brillante performance des acteurs, « Past Lives » bénéficie d’un art du mouvement et du cadrage d’une beauté à couper le souffle.
Se voulant le plus romantique possible, dans sa troisième et dernière partie, le film offre une vision de New York assez inédite. Cette ville d’envergure internationale, habituellement bouillonnante, étonnamment nous apaise. Les plans séquences sont reposants, et baigne dans une atmosphère mélancolique.
La réalisatrice a fait de la Big Apple, un cocon intemporel où les deux protagonistes coréens savourent leurs retrouvailles dans le calme et la sérénité. Admirable.
[Bande-annonce – Past Lives – Nos vies d’avant]
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