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Synopsis
Après avoir raté le concours d’entrée en médecine, Léopold intègre par défaut l’école des sages-femmes. Il cache la vérité à son entourage. Alors qu’il s’engage sans conviction dans cet univers féminin, sa rencontre avec Nathalie, sage-femme d’expérience au caractère passionné, va changer son regard sur cet univers fascinant et bouleverser ses certitudes.
[Bande-annonce – Sage-homme]
Critique
Film populaire à l’attrait éducatif puissant, « Sage-homme » explore le parcours mouvementé des sages-femmes dans les hôpitaux. Fort en émotion, vacillant du rire aux larmes, cette prunelle cinématographique touche du doigt un sujet universel, faisant appel à l’essence même de la vie.
Une rencontre professionnelle de haut vol
Interprété par Melvin Boomer, le personnage de Léopold est issu d’un milieu hyper masculin. Mère décédée, père policier avec trois frères à la maison, il n’y aucune figure féminine qui a composée son éduction. Cet archétype du jeune banlieusard va se retrouver projeté dans un milieu essentiellement féminin, ce qui va le déséquilibrer.
En duo avec Nathalie, alias Karine Viard, la tutrice du jeune homme est une femme haute en couleurs. Figure engagée, prête à sacrifier son quotidien, elle considère son métier avec amour et humanité.
Ce binôme est une rencontre professionnelle de haut vol. Sur fond de pédagogie, il y a la transmission pure d’un savoir-faire précieux entre deux générations, comme dans « Haute-Couture » avec Nathalie Baye et Lyna Khoudri.
Une problématique de genre
« Sage-homme » à l’audace de renverser la problématique du genre dès le titre. Comme une sorte de thématique inversée, en intégrant un homme dans un secteur féminin, le film cherche à montrer le creux social que vivent beaucoup de femmes dans d’autres sphères.
Et la prise de repères rencontre ses difficultés dès les premiers instants dans le service, lorsque Léopold doit commencer par enfiler un uniforme rose.
Un incontestable docu-fiction
Plus qu’un film, « Sage-homme » s’affirme comme un incontestable docu-fiction. Composé de nombreuses scènes communes dans la vie des sages-femmes, il y a des images brutes, surprenantes parfois, comme ce cliché du placenta, appelé « arbre de la vie », ou encore celui d’un vagin en plein accouchement.
Mais le métrage va plus loin et aborde une multitude de sujets, sans écart et sur un ton neutre. En plus de termes scientifiques et techniques pas toujours clair, l’immersion au cœur de ce service maternité s’accentue par une série d’anecdotes relevant de témoignages vus ou vécus.
La femme enceinte complexée, l’omniprésence du papa surmotivée… Drôle, risible ou parfois triste, l’angle documentaire s’attaque aussi à des sujets plus durs comme la mort d’un bébé à la naissance, moment compliqué pour un service censé donner la vie.
Un système verrouillé
Propre à chaque institution publique, l’hôpital est un endroit où se s’entrechoque tous types de misères qu’elles soient sociales, économiques et médicales. Et c’est sur ce principe que « Sage-homme » prend un moment donné, une direction plus politique.
Soulevant la problématique des services publics, le film présente un système verrouillé où la hiérarchie administrative ne soutient pas ses fonctionnaires. Cette dissolution de la responsabilité n’est pas sans rappelé les dérives de « Bac Nord », où les policiers ont été accusés à tort d’une procédure dans laquelle ils étaient encouragées.
« Sage-homme » est un bijou puissant et instructif, qui nous transporte dans le récit d’héroïnes ordinaires. Sans artifice, ce film complet, profondément humain à l’émotion frénétique, est un petit chef d’œuvre à ne pas négliger !
[Extrait du film « Sage-homme » – Le bizutage]
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