
3/5
Synopsis
Passionné de cinéma, Sammy Fabelman passe son temps à filmer sa famille. S’il est encouragé par sa mère Mitzi, au tempérament artistique, son père Burt est un scientifique accompli qui considère que sa passion n’est autre qu’un passe-temps. Mais lorsque ses parents décident de déménager dans l’ouest du pays, il découvre une réalité bouleversante sur sa mère qui ébranle l’équilibre familial.
Critique
« Les Dents de la Mer », « Jurassic Park », « E.T. » ou encore « Ready Player One », Steven Spielberg a révolutionné l’histoire du cinéma comme jamais auparavant. Avec « The Fabelmans », le réalisateur s’essaie à un jeu semi-autobiographique inhabituel, et dresse le portrait intime d’une enfance américaine au XXème siècle. Véritable déclaration d’amour intimement dédiée au 7ème art, le récit demeure pourtant inégal dans sa proposition…

Une sensation de famine
« The Fabelmans » se démarque avant tout grâce à la fureur dévorante de Sammy : Être derrière la caméra. Cet engouement qu’il découvre dès le plus jeune âge véhicule une tendresse et une puissante émotion. Souvent agréable à regarder, l’esthétisme des images et l’aspect technique du film frise la perfection. Quelques clichés restent en mémoire, comme la danse de sa mère au bord d’un feu de camp pendant les vacances estivales.
Les frissons les plus significatifs resteront ceux liées à la création des premiers films du fils Fabelman. Au camping, à la plage, au lycée, à notre grand regret, ces instants de découverte et d’apprentissage du métier se font rares et précieux. On aurait clairement aimé en voir plus !
Famille, déménagement, lycée, premier deuil et premier amour, en plus de quelques longueurs, ces tribulations familiales et ces aventures lycéennes n’ont rien d’inédit. Certes, la période adolescente mérite d’être exploitée, particulièrement pour dénoncer le harcèlement scolaire et l’antisémitisme dont il a été victime. Mais le film finit par s’étaler et rate quelques occasions de nous cueillir.
Ce Spielberg inattendu offrait l’ambition de connaître ce que fût le chemin de Sammy avant qu’il ne devienne l’icône cinématographique du siècle. Pourtant, c’est un quotidien familial que nous découvrons, avec des drames privés on ne peut plus classique. Intéressant peut-être, néanmoins, il reste cette sensation de famine. Celle dont on ne peut pas empêcher de se dire qu’on aurait pu en voir plus…

Être un artiste
Malgré ses maladresses, « The Fabelmans » porte un clin d’œil attentif quant aux sacrifices que demande toute vocation artistique. Bien qu’encourager par sa mère Mitzi, c’est à son père que Sammy doit en permanence se confronter. Plus pragmatique, il pense qu’il ne s’agit que d’un exercice dangereux et sans avenir. En confrontant les points de vue et les personnages, le réalisateur définit ce que représente l’ivresse d’un créateur incompris.
L’échange le plus significatif sera celui de sa rencontre avec son oncle Boris, un brin détraqué. Exclu du cercle familial depuis des années, le tonton forain établit un juste parallèle entre la folie imaginative qu’implique d’être un saltimbanque, et la conséquence d’être seul et marginalisé.

Deux étoiles significatives
Parmi un casting de qualité, Steven Spielberg en profite pour encourager la jeune génération. Après quelques petits rôles insignifiants, il s’agit de la première grande attribution pour Gabriel Labelle, qui risque sans nul doute de désormais faire décoller sa carrière.
Mais la vraie star du film est avant tout Michelle Williams ! Mère aimante, elle partage une relation compliquée avec son seul fils, lorsqu’il découvre sa relation extra-conjugale. Entre amour et déception, elle reste la seule à l’encourager malgré les circonstances.

« The Fabelmans » est une œuvre autonome. Elle raconte les influences qui ont construit le réalisateur, juste avant son envol dans le monde des grands ! Certains clichés sont sublimes à regarder, d’autres moments portent une solide émotion. Mais, à raison de quelques occasions ratées, le final laisse un goût contrariant de trop peu…
[Bande-annonce – The Fabelmans]
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