3/5
Synopsis
Charlie, professeur d’anglais reclus chez lui, tente de renouer avec sa fille adolescente pour une ultime chance de rédemption.
Critique
« The Whale » s’est vite imposé comme l’une des références à l’affiche de ce printemps 2023. Or, malgré un jeu d’acteur bluffant, nombreux sont les défauts qui stérilisent l’émotion du récit. Comme une impression de passer à côté, le réalisateur fait passer un message clair, mais manque profondément de finesse.
Des choix éditoriaux discutables
« The Whale » relate l’autodestruction d’un personnage en obésité morbide sur la fin de sa vie. Parfois dur à voir, entre glissement et laisser aller, l’engagement est clair, le propos est puissant mais malheureusement, le récit divise. Car, au prix de nombreuses longueurs, intervient une question quant à savoir si le réalisateur a fini par s’étaler, tout simplement parce qu’il n’avait pas assez de contenu ?
A titre d’exemple, concernant les choix éditoriaux, certains rôles secondaires n’apportent absolument rien à l’histoire, tandis que d’autres auraient mérités une mise en avant plus prononcés. Il aurait été plus intéressant de progressivement développer la relation entre Charlie et son livreur de pizza, plutôt que d’appuyer avec obstination le personnage de Thomas, un jeune religieux franchement sans intérêt.
Un huit clos négligé
Format risqué mais passablement réussi, « The Whale » se définit comme un huit clos à part entière. Ainsi, l’ensemble du film se déroule intégralement dans l’appartement funeste de Charlie.
Bien que sa fille, son ex-femme et sa belle-sœur interviennent dans son quotidien, les protagonistes rentrent et sortent de chez lui, se croisent à tout va, sans frapper, ni même s’annoncer. Un détail qui, de ce fait, brise une intimité et en conséquence, cet esprit tant voulu de négligence et d’isolement.
Le mal-être du XXIème siècle
Par un regard insidieux, le film ironise sur la violence provoquée par les réseaux sociaux et les smartphones. Véhicule totem de complexes et d’apparences du XXIème siècle, ce mal-être exprimé par Charlie se traduit en refusant d’aller à l’hôpital par honte, en ne sortant pas de chez lui, ou aussi, en ne se montrant pas à la webcam lorsqu’il fait ses cours de philosophie à distance.
Ce message aurait sûrement été porteur et significatif lors de la décennie précédente. Mais à ce jour, « The Whale » intervient tardivement. Face à une nouvelle ère générationnelle, les adolescents d’aujourd’hui sont amplement sensibilisés au combat contre le harcèlement scolaire, et la lutte contre l’obésité. Le débat est ouvert, les points de vues divergent mais les raccourcis sont bien trop catégoriques.
La résurrection de Brendan Fraser
Fort heureusement, « The Whale » est partiellement sauvé par le talent ahurissant de Brendan Fraser. Grâce à un jeu de rôle incroyable, jusqu’à être méconnaissable physiquement, l’acteur renaît et impressionne. Oscarisé pour sa performance, le film a d’ailleurs reçu une seconde récompense pour son impressionnant travail sur la partie costume et maquillage.
Malgré ses défauts et ses longueurs, « The Whale » demeure un film à voir pour ses rares scènes exceptionnelles. A savoir que les meilleures étant celles où l’acteur joue seul face caméra. Entre dégoût et compassion, l’effet magistralement réussi sera d’éveiller notre volonté d’agir à tout prix, même si tout le monde sait, Charlie le premier, qu’il était d’ores et déjà trop tard…
[Bande-annonce – The Whale]
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