
3/5
Synopsis
Tout le monde a toujours aimé Jeanne. Aujourd’hui, elle se déteste. Surendettée, elle doit se rendre à Lisbonne et mettre en vente l’appartement de sa mère disparue un an auparavant. À l’aéroport elle tombe sur Jean, un ancien camarade de lycée fantasque et quelque peu envahissant.
Critique
Illustratrice avant d’être réalisatrice, Céline Devaux a écrit ce premier film sur la base d’un mélange artistique. En mettant en avant son art primaire, la réalisatrice intègre un relief psychologique narratif grâce au dessin, le tout dans une romance douce mais dispersée.

« Tout le monde aime Jeanne » rappelle les grandes lignes de « Jalouse », fabuleux film avec Karine Viard sorti en 2017. En pleine crise de la quarantaine, l’histoire privée d’une femme publique est ébranlée par une série d’évènements : Le décès d’une mère, un échec professionnel, célibataire et sans enfant… Cette descente aux enfers offre une belle remise en question et un retour aux priorités saines, telles que la famille et les amis.
Blanche Gardin en tant qu’actrice principale est un choix judicieux quant à l’incarnation de Jeanne. L’humoriste étant une actrice en devenir, sûrement s’est-elle mise au défi de dépasser le rire qu’elle nous provoque dès ses apparitions. C’est donc un nouvel angle dans laquelle nous la découvrons, plus sentimental, plus fragile, puisqu’il y a une sensibilité puissante au cœur d’un humour potache.

Mis en avant par une voix off, les croquis animés nous permettent de connaître la conscience imagée de Jeanne. Or, ces pensées ponctuelles finissent par devenir parasites, et entachent inutilement l’histoire. En alternant les genres, la réalisatrice s’éparpille et perd progressivement l’essence voulue d’une comédie romantique.
Aussi, alors que Laurent Lafitte joue un rôle aussi barré qu’appréciable, son binôme romantique avec Blanche Gardin est loin d’être transcendant. On finit par se demander s’il s’agit du scénario souhaité dans lequel Jeanne, dépressive et en quête de sens, cherche désespérément une nouvelle voix. Ou si finalement, il manque une alchimie entre les deux acteurs, pourtant tout aussi formidable détaché l’un de l’autre.

« Tout le monde aime Jeanne » sonne comme un premier essai mitigé pour Céline Devaux. Sympathique, comme un bon copain, le film ne parvient pourtant pas à trouver une ligne directrice claire malgré la présence de Laurent Lafitte, Blanche Gardin et d’un talent de dessinatrice pointilleux mal exploité.
Le métrage mérite tout de même sa place dans l’historique du Festival de Cannes 2022, non pas pour le film en lui-même, mais pour le talent prometteur d’une réalisatrice à suivre de près. Peut-être a-t-elle encore besoin d’éclore, et nous nous languissons de voir ses projets prochains naître sous sa signature dans les années à venir.
[Bande-annonce – Tout le monde aime Jeanne]
Malgré cette note bien moyenne, tu réussis à nous donner envie de voir le film.