3,5/5
Synopsis
Emre, un jeune procureur déterminé et inflexible, vient d’être nommé dans une petite ville reculée de Turquie. À peine arrivé, il se heurte aux notables locaux bien décidés à défendre leurs privilèges par tous les moyens, même les plus extrêmes.
Critique
Présenté lors du Festival de Cannes de 2022, « Burning Days » s’est imposé comme un thriller coup de poing qui surprend, et qui détonne. Petit trésor inattendu, ce film, brûlant d’actualité, embrase la Turquie et ses mœurs depuis sa sortie.
Le petit peuple contre les élites
« Burning Days » est une œuvre satirique, dénonciatrice d’un système politico-judiciaire turc. Corruptions, étouffements et petits arrangements, il n’est autre que le reflet d’une diplomatie nationale mal gérée, et de ses conséquences directes sur les politiques locales.
Beau et dynamique, Emre est un jeune procureur fraîchement arrivé de la métropole. N’ayant pas les codes ruraux, il rate son intégration dans ce village isolé, englué par la malversation. En pleine élections municipales, il se retrouve empêtré entre une histoire de viol et un scandale sanitaire. Coup monté ou dérapage ?
Quoi qu’il en soit, « Burning Days » installe le schéma classique du petit peuple contre les élites. S’impose alors une intense confrontation entre une culture de proximité, celle du silence, où tout se sait et où tout le monde se connait. Contre celle d’une vision aveuglée par le pouvoir et la réussite…
Un tableau hypnotique saisissant
Alors que 2022 nous surprenait avec le franco-espagnol « As Bestas », 2023 nous offre « Burning Days » sur un plateau d’argent. Thriller politique poisseux ou western rural saisissant, il faut croire que ces drames locaux à connotations ethniques ont le vent en poupe.
Tout est fin, suggéré et l’atmosphère caniculaire accentue une pression montante, propice aux sorties nocturnes et aux dérapages festifs. Anxiogène, envoûtant, cette virtuosité digne des plus grands films constitue un tableau hypnotique saisissant autour de l’angoisse.
Une idylle homosexuelle supposée
Entre magouilles, confrontations et affaires publiques, le réalisateur a soupoudré le tout d’une idylle homosexuelle supposée. Subtil, abstrait, rien n’est clairement montré, mais ce parti pris est d’autant plus courageux que le film a une sensibilité orientale.
Culture réticente aux différences d’orientations sexuelles, la sortie de « Burning Days » a violemment ébranlé l’actualité du pays. Audacieux, Emin Alper s’est affirmé comme un frondeur engagé dans le cinéma turc.
Une fin trop abstraite…
C’est en revanche la fin qui achèvera « Burning Days » sur une note de déception dommageable. En effet, il faut savoir que pour accentuer l’angoisse, le film a énormément joué sur les non-dits, laissant libre interprétation à certaines images.
Or, pour le final, au lieu de clarifier la mort de deux personnages principaux dont nous tairons le nom, le réalisateur fait apparaître leurs probables fantômes. Avec cette philosophique à outrance, le film se termine sur un goût d’inachevé…
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