« Barbie » – Le féminisme pour les nuls ?

Barbie de Greta Gerwig - Affiche Film Cinéphilion

2,5/5


Synopsis

A Barbie Land, vous êtes un être parfait dans un monde parfait. Sauf si vous êtes en crise existentielle, ou si vous êtes Ken.

Critique

Premier long-métrage qui donne vie à la poupée la plus connue de tous les temps, « Barbie » est l’un des box-offices les plus marquants de cette année 2023. Devenu viral à l’échelle planétaire, le phénomène se devait d’être à la hauteur. Et pourtant… Entre lourdeurs et caricatures forcées, force d’admettre que le film est une leçon de féminisme grossière, loin du divertissement escompté.

Barbie de Greta Gerwig - Margot Robbie et Ryan Gosling à Barbieland

Une ouverture magistrale

D’entrée de jeu, « Barbie » foudroie, grâce à deux scènes d’ouverture titanesques.

En premier lieu, l’introduction est une reprise claire du film « 2001 : L’Odyssée de l’espace ». Intelligent, drôle, la scène fait référence à l’enfance ancestrale que toutes les petites filles ont eues en jouant à la poupée. Puis elle montre l’impact révolutionnaire qu’a eu l’arrivée de « Barbie » dans nos foyers. Un jouet iconique qui a fait rêvé les enfants, et qui a inconsciemment contribué à la liberté de la femme.

C’est ensuite le tableau d’ouverture qui frise la perfection ! Sur la musique pop « Pink » de Lizzo, Margot Robbie nous fait découvrir un univers « Barbie » entièrement conçu à taille humaine. Tout est féérique, et en même temps faux. Une galaxie colorée en carton pâte, créée de toutes pièces, dans laquelle les Barbie sont reines et les Ken… sont Ken.

Barbie de Greta Gerwig - Margot Robbie dans une reprise magistrale de 2001 l'Odyssée de l'espace

Le féminisme pour les nuls ?

Dès la première phrase du film, la voix off pose les bases, puisqu’elle insinue qu’en jouant à la poupée, les fillettes se conditionnaient à être maman dès l’enfance. Or, l’arrivée de Barbie a été une évolution historique. Médecin, hôtesse de l’air, journaliste… Avec des incarnations multiples et des personnages dérivés à tout va, « Barbie » a permis aux jeunes filles de rêver sur leurs ambitions.

En tant que poupée stéréotypée, Margot Robbie se doit d’être parfaite ! Mais en commençant à avoir des défauts d’ordre du commun, comme de la cellulite ou les doigts de pieds de travers, la panique s’empare d’elle. Une voie de départ parfaitement choisie qui laisse à penser que l’histoire va être orientée sur le féminisme et l’acceptation de soi.

Malheureusement, en s’éparpillant, le sujet finit par cruellement manquer de subtilité. Sombrant très vite dans la caricature, « Barbie » laisse le plaisir du divertissement sur le bas-côté. Alors que Ryan Gosling joue Ken à la perfection, le scénario le dessert à cause d’un esprit patriarcal anxiogène et tribal. Une caricature assumée dans laquelle les hommes ne sont que des mâles écervelés, dominés par des femmes hypersexualisées, malicieuses et bien plus habiles.

Barbie de Greta Gerwig - Ryan Golsing et sa tribu grimée en mâles alpha écervelés

Une ligne woke de plus en plus stéréotypée

La ligne woke véhiculée par Hollywood depuis quelques années n’est pas dérangeante mais elle devient flagrante. A trop combattre les clichés avec des quotas de diversité, le cinéma américain a finit par s’auto-créer des stéréotypes. A titre d’exemple, bien qu’Issa Rae soit fabuleuse en tant que Barbie Présidente, c’est malgré elle qu’elle incarne ce rôle avant tout en tant que femme noire.

Interprétée par l’actrice Kate McKinnon, Barbie Bizarre est un peu la druidesse du film. Exclue de Barbieland, le film laisse à penser qu’avec ce qualificatif de « Bizarre », être différente des autres n’est pas la norme pour faire partie de la communauté. Assez dérisoire pour un film engagée qui cherche à défendre l’inclusion et le droit de toutes les femmes, sans exception.

Barbie de Greta Gerwig - Kate McKinnon en Barbie Bizarre

De fausses promesses et un casting dispersé

Les bandes-annonces promettaient un récit excitant dans lequel Barbie et Ken partaient à la découverte du monde réel. Une confrontation directe entre l’idéal imaginaire de Barbieland, face la réalité de notre quotidien occidental. Mais que nenni… Car l’escapade à Venice Beach ne représente qu’une vingtaine de minutes du film. Une fausse promesse qui laisse un goût amer, en plus d’un scénario qui prend des directions incompréhensibles.

Aussi, à vouloir trop élargir le casting, « Barbie » se retrouve avec une quantité infinie de personnages inutiles. Les relations sont bâclées, et l’histoire se disperse, ne sachant plus qui mettre en avant.

On pense notamment à la fille de la secrétaire de chez Mattel, Sasha. Interprétée par Ariana Greenblaat, son rôle dans le film se montre rapidement inutile, alors que sa rencontre avec Barbie dans son collège était parfaite. Autre exemple, il s’agit du standardiste de chez Mattel qui dénonce l’échappatoire de Barbie et Ken à sa hiérarchie. Pourtant présent à l’écran jusqu’à la fin du film, sa présence n’a véritablement aucun intérêt.

Barbie de Greta Gerwig - Margot Robbie et Ryan Gosling partent à la découverte du monde réel

Une playlist enflammée !

Pop et commerciale, la bande-son est l’un des points majeurs à retenir de « Barbie ». Lizzo, Nicki Minaj, et bien évidement Dua Lipa en première ligne, avec autant d’artistes et de chansons réunies et réussies, il est étonnant de voir que le film ne se contente que de deux scènes de chants et de danse.

Ryan Gosling avait embellit « La La Land », tandis Margot Robbie enflammait « Babylon » quelques mois auparavant… Avec un duo d’acteurs d’ores et déjà expérimentés, la réalisatrice aurait pu exploiter cet angle de comédie musicale avec insistance pour rendre ce film grandiose, à coup de boules à disco et de paillettes à gogo.

Barbie de Greta Gerwig - Margot Robbie et Ryan Gosling sur la bande-son enflammée de Dua Lipa

Quelle déception… En dépit d’une communication digne du communisme chinois, « Barbie » est un film cliché, bourrée de défauts, et sans aucune finesse. En sus de nombreux creux et d’ennui, ces erreurs cumulées gâchent un final qui se voulait historique et surtout, émouvant…

« Barbie » résulte d’une vague rose bonbon, loin de virer au rouge passion…

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