4/5
Synopsis
1988, l’Angleterre de Margaret Thatcher. Jean, professeure d’éducation physique, est obligée de cacher son homosexualité, surtout depuis le vote d’une loi stigmatisant la communauté gay. C’est sans compter sur une nouvelle étudiante qui menace de révéler son secret…
Critique
Alternant images d’archives et podcasts radio, « Blue Jean » nous plonge directement à la fin des années 80, dans une Angleterre sous pression. Face à des politiques restrictives envers les homosexuels, Jean tente de garder la face au risque de se retrouver socialement sur le banc de touche.
Un contexte historique délicat
Partant d’un point de vue extérieur, le film pose les bases d’un contexte historique délicat. Entre la ligne de conduite menée par Margaret Thatcher, les mesures pénales engagées et ce que véhicule les médias, le pays se retrouve fracturé, gangréné par une homophobie anxiogène.
Peu à peu, le film individualise la situation en pénétrant l’entourage et l’intimité de Jean, professeur d’éducation physique. Rapidement sur le qui-vive, le femme apprend l’art de la dissimulation par crainte d’être accusé ou diffamé.
Cette mise en contexte minutieuse est progressive, prend le temps d’être clair, le tout dans une réalisation admirable.
Une prise de recul sur l’avancée sinueuse de l’homosexualité en société
« Blue Jean », c’est une prise de recul sur une l’expiration d’une époque. Aller de l’avant sans oublier derrière, à l’image de « L’évènement » ou de « Annie Colère » sur l’avortement, ce métrage permet un constat sur l’avancée sinueuse de l’homosexualité dans nos sociétés occidentales.
Cela offre aussi un œil mémoriel sur des parcours de vie singuliers comme celui de Jean. Des hommes combattifs et des femmes courageuses qui ont fait d’énormes sacrifices, notamment sur leur plan personnel, pour se fondre en société en toute discrétion.
Jean, une résistance à toute épreuve
Jean est une lesbienne qui doit à tout prix cacher son attirance pour les femmes. Les conséquences politiques influent une friction sociale dont elle est directement victime. Bien qu’elle soit une professeur de sport qualifiée et compétente, le climat éveille en elle un instinct de survie.
Lorsqu’un incident de nature sexuel intervient entre deux de ses élèves pendant son cours, la situation se fragilise. Des raccourcis pénibles nous traversent notre esprit. Cette capacité à nous transmettre ce stress et cette paranoïa aigüe sans action, ni dialogue relève d’une écriture bluffante de la part de la réalisatrice.
Face à cette pression, la femme résiste du mieux qu’elle peut, et c’est là que le talent remarquable de Rosy McEwen se démarque. Entre colère, détresse et panique, l’actrice surprend par son jeu dans la gestion de ses émotions.
Pour son premier film, Georgia Oakley atomise l’écran avec ce drame social. Percutant, transcendant, en plus de mettre en avant de fabuleuses actrices encore méconnues, « Blue Jean » est avant tout appréciable pour sa réalisation incroyable, notamment grâce une maîtrise de la psychologique qui impressionne. Saisissant !
[Bande-annonce – Blue Jean]
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