
3/5
Synopsis
Carmen, une jeune mexicaine qui tente de traverser la frontière, tombe sur une patrouille américaine. Aidan, jeune ex-marine lui sauve la vie en tuant l’un des siens. Ils se retrouvent à jamais liés par cette nuit tragique. Désormais poursuivis par les forces de l’ordre, ils font route ensemble vers la Cité des Anges. Ils trouveront refuge au cœur de la Sombra Poderosa, un club tenu par la tante de Carmen qui leur offrira un moment suspendu grâce à la musique et la danse.
Critique
Danseur, acteur et désormais réalisateur, pour son premier film, Benjamin Millepied réédite un classique de l’opéra sur grand écran. Comédie musicale à sensibilité hispanique, « Carmen » relate une cavale fougueuse entre de deux êtres, unis par dépit, et que l’amour va emporter.

Une relecture moderne et politique
Pour ceux qui l’ont compris, « Carmen » n’est autre que l’adaptation modernisée du tragique Opéra de Bizet. Dans une atmosphère intense, à la beauté brute et sauvage, cette romance est l’histoire d’une passion entre une jeune mexicaine, contrainte de fuir son pays, et un vétéran américain, traumatisé par la guerre d’Afghanistan.
Réadapté, et un brin politisé, le réalisateur a choisi d’associer une migrante et un militaire. Deux figures communautaires avec des traumatismes sociaux d’aujourd’hui, dont l’une incarne un courant humaniste plutôt de gauche, tandis que l’autre symbolise un engagement patriotique, avec une sensibilité de droite.

Une synergie frissonnante
Attaché à ses racines artistiques, Benjamin Millepied a tenu à faire de la danse une des pièces maîtresses du film. Symbole de la sensualité et de l’expression corporelle, cet art se définit par la chair, et offre ainsi un environnement propice quant à un rapprochement physique entre Carmen et Aida. Quelques scènes chorégraphiées sont éparpillées, et visuellement transcendantes.
Aussi, dans une synergie symphonique et frissonnante, « Carmen » se définit par des musiques à fortes connotions catholiques. Composée de chœurs ininterrompus, la bande-son est constante et ne s’arrête jamais. Cette atmosphère sonore et solennelle, presque insistante, se rattache à de nombreuses références bibliques et culturelles.

Un trio magnétique et inédit
Après sa participation à « Scream VI » en mars dernier, Melissa Barrera s’est imposée comme l’une des icônes majeures de l’horreur américain. Or, en tant que personnage principal de « Carmen », l’actrice s’affranchit d’une étiquette qui lui collait à la peau. Elle se révèle grâce à de multiples talents jusqu’alors insoupçonnés, comme le chant et la danse.
Ce folklore est aussi l’occasion de retrouver Rossy de Palma. Dans un rôle mystérieux, quelque peu indéterminé, cette sorcière mystique n’est autre que Masilda, la tante de Carmen, qui accueillera nos deux aventuriers dans son cabaret.

Paul Mescal, entre séduction et émotion
Mais ce trio de tête magnétique et inédit ne serait rien sans la présence de Paul Mescal. Révélé dans « Aftersun », l’acteur que l’on a découvert en père dépressif, s’affirme ici comme un homme viril, presque séduisant. Entre sex-appeal et sentiments, on découvre alors un personnage qui n’a pas peur de se montrer, de se dénuder et de s’affirmer.
Chaque comédien a son registre ou sa spécialité et avec ce rôle particulier, Paul Mescal prouve qu’il possède un attrait émotionnel extrêmement puissant. Telle l’identité de son talent, il dégage une osmose assez magique et inexplicable à l’écran. Incroyable !

Une idylle un tantinet clichée et des scènes quelques peu bancales, « Carmen » n’est clairement pas le film parfait. Cependant, Benjamin Millepied nous montre que le cinéma peut s’apprécier autrement. Grâce à une mise en scène exceptionnelle et un spectacle visuel à couper le souffle, ce premier essai mérite d’être auscultée pour s’apprécier.
De ce fait, « Carmen » reste une belle œuvre qui répond en tout point aux petites pépites dont raffolent les férus de cinéma.
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