3,5/5
Synopsis
Jordan, 14 ans, s’ennuie dans le petit village de Mornas. Sa mère infirmière étant souvent absente, il s’occupe avec son meilleur ami Patrick en jouant à leur console. Mais lorsqu’elle rend l’âme, Jordan décide de simuler une maladie et de monter une cagnotte en ligne pour s’en racheter une. Quand ce mensonge se propage dans la cour du collège, les regards se tournent enfin vers eux.
Critique
Grandir à la campagne
A l’image des « Petites Victoires », « Juniors » est un film engagé sur la vie d’un adolescent évoluant en pleine campagne. Un microcosme dans lequel tout le monde se connait, et où les réputations se font rapidement et sans pitié.
Isolé de l’effervescence des grandes villes, le vélo et le car scolaire sont indispensables pour se déplacer. Surtout à un âge où le permis n’est pas encore envisagé ! C’est donc au travers du regard de Jordan et de son meilleur ami Patrick, que « Juniors » explore la puberté en pleine ruralité.
Entre insouciance et prise de maturité, la transition est parfois compliquée. Particulièrement à un âge où la soif d’indépendance s’éveille à grands pas…
Le prisme de l’adolescence
Annoncé comme une comédie estivale, « Juniors » est avant-tout une fiction ultraréaliste avec beaucoup plus de profondeur qu’elle n’y parfait. En suivant les tribulations de Jordan et de son énorme mensonge, le film raconte la crise existentielle d’un enfant en quête d’identité, qui va apprendre de ses erreurs.
Aussi, le métrage aborde timidement le harcèlement scolaire dans le prisme de l’adolescence. Un « Goonies » à la française qui montre qu’on ne mesure toujours pas la violence que peuvent avoir certains propos ou certains gestes…
De ce fait, « Juniors » est un film à regarder en famille, surtout si vous avez des ados ! L’attrait d’identification est si puissant et pragmatique qu’il n’y a aucun doute qu’il ouvrira le dialogue. Des enfants jusqu’aux parents, chacun pourra s’y retrouver et s’exprimer.
Le rôle de l’encadrement scolaire
Empreint d’une justesse et d’une réalité grinçante, « Juniors » pose le reflet d’un système scolaire très procédurier. Sans pour autant condamner le corps professoral, le film vise des hommes et des femmes qui ont sanctionné l’acte immoral d’un élève, sans comprendre le mal-être qui s’y cachait derrière. Entre autre, l’éloignement de sa mère.
Le professeur de sport pense que seul la punition et la force fonctionne, contrairement à la professeur d’arts plastiques, qui elle, très humaniste, tient à lui laisser sa chance.
Le film analyse avec finesse une carence éducative du cadre scolaire. Là où toutes les théories pédagogiques ouvrent le débat sur le bien-être de l’enfant, l’essentiel repose en premier lieu sur l’écoute, l’échange, la compréhension et surtout, le lâcher prise d’une pseudo autorité supérieure..
Vanessa Paradis, une mère monoparentale désœuvrée
Au départ inexistante, Vanessa Paradis n’intervient véritablement qu’à la seconde moitié du film. En tant que mère monoparentale, elle est aussi infirmière de nuit et laisse son fils Jordan vivre en autonomie quasi complète. Une absence quotidienne qui a compliquée le rapport mère-fils.
Tandis que lui réclame une complicité disparue, Véronique, sa maman, prend conscience de ses failles et de ses responsabilités. Malheureusement, faisant suite aux proportions de son mensonge, Jordan est exclut de son collège. Même si les conséquences sont fatales, « Juniors » relativise, et dédramatise les erreurs de jeunesse. Car elles sont loin d’être aussi irréversibles qu’elles n’y paraissent que lorsqu’on a 14 ans…
[Bande-annonce – Juniors]
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