4/5
Synopsis
Alors qu’une série de vols a lieu en salle des profs, Carla Nowak mène l’enquête dans le collège où elle enseigne. Très vite, tout l’établissement est ébranlé par ses découvertes.
Critique
« La Salle des Profs » raconte le cauchemar d’une professeure de collège entraînée malgré elle dans un scandale interne. Rude et extrêmement soutenu, ce thriller étouffant se veux être le reflet d’une société anxiogène ultra-contrôlée.
Secouer l’opinion publique allemande
En Allemagne, le cadre scolaire est souvent idéalisé au cinéma. Perçu à travers des comédies légères, il n’existe pas de films dénonciateurs similaires à ceux que nous avons en France, tels que « Le Principal » ou « Entre les Murs ».
En conséquence, İlker Çatak, le réalisateur de « La Salle des Profs », a cherché à secouer l’opinion publique en proposant un film percutant. D’ailleurs, il ne cache pas avoir puisé son inspiration dans nos productions nationales sur l’éducation.
Un terrain de jeu et d’analyse
« La Salle des Profs » ne se limite pas à être un simple thriller, mais se révèle être une satire cruellement réaliste. Le film cherche à mettre en lumière les dysfonctionnements d’un monde rongé par une tension permanente, où chaque parole et chaque acte est archivé, en particulier avec l’avènement des réseaux sociaux.
Ainsi, le métrage offre un terrain de jeu et d’analyse intéressant car l’école est souvent considérée comme le miroir de notre société. Tel un microcosme, les établissements scolaires reflètent un système hiérarchisé où toutes les forces sont à l’œuvre.
Tout garder sous contrôle
« La Salle des Profs » démarre avec le soupçon d’un vol dans une classe de cinquième. La direction, soucieuse de ne pas faire trop de vagues, utilise des méthodes qui ne plaisent pas à Carla Nowak, la professeure. Elle décide alors de prendre les choses en main. C’est là que commence une spirale infernale…
La priorité absolue étant de tout garder sous contrôle, une tension gangrène chaque sphère de l’établissement. En commençant par la salle des professeurs, ce malaise se propage aux classes, à certains élèves, et s’étend même jusqu’à la vie privée des parents.
Un bouc émissaire, à tout prix
Chacun le sait, lorsqu’une crise survient, il est souvent simple de trouver un bouc émissaire. Ce phénomène est particulièrement visible en politique, où l’on sacrifie un pion pour que le système puisse continuer à fonctionner. Cela reflète ce que l’on appelle communément la cancel culture, souvent accompagnée de fake news.
Dans « La Salle des Profs », cette recherche incessante de « tête de truc » évolue constamment. Une membre de l’administration se retrouve ainsi prise en flagrant délit et subit la colère de la direction. Dans le souci de régler l’affaire discrètement, c’est ensuite la professeure Carla Nowak qui se retrouve sous le feu des projecteurs. Puis, c’est au tour d’Oskar, un des élèves, de devenir la cible de ses camarades…
Quel que soit l’issue, ce sont finalement deux entités qui subissent frontalement les coups d’une administration qui fait semblant d’être aveugle : les élèves et les professeurs.
Dans « La Salle des Profs », ne vous attendez pas à une intrigue policière classique avec un dénouement conventionnel. L’identité du véritable coupable importe peu, et même si des soupçons se font sentir, il n’y a pas vraiment d’épilogue. Ce qui est primordial, c’est la manière dont les individus et les informations sont traités durant cette affaire.
Le film permet ainsi une plongée au cœur de l’éducation allemande, dans un style similaire à « Pas de Vagues » avec François Civil, sorti pratiquement au même moment.
[Bande-annonce – La Salle des Profs]
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