
4/5
Coup de ❤
Synopsis
Une association accueille des jeunes LGBT mis à la rue par leurs familles. Derrière l’apparente comédie, les excès, l’envie de s’affirmer, se cachent des vies brisées. Tous ont cette furieuse envie d’exister, de trouver leur place dans la société. Ici, ils ont six mois, pour trouver un travail, un logement et s’accepter comme ils sont. Une course contre la montre durant laquelle Noëlle, qui dirige l’association et Alex, qui l’aide dans sa mission, sont également renvoyés à leurs propres failles et s’interrogent sur leurs motivations à aider les autres.
Critique
Ce premier long-métrage de Bryan Marciano rend un hommage évident à l’association LGBT « Le Refuge ». À l’image du film « Les Invisibles » sorti en 2018, « L’Arche de Noé est un docu-fiction social d’une puissance ahurissante, tirant son inspiration de témoignages authentiques.

La représentation de toutes les classes sociales
Dès le départ, c’est la représentation de toutes les classes sociales qui est frappante. Avec une telle diversité, le film montre que les personnes LGBT sont des individus ordinaires, avec leurs singularités et leurs différences.
Parmi les victimes, le film met en scène une personne souffrant de dépendance affective, des profils issus d’une diversité ethnique et culturelle marquée par une éducation religieuse, un mineur, et même un adolescent issu d’une famille catholique traditionnelle, dont l’avenir lui semblait pourtant prometteur.
« L’Arche de Noé » illustre ainsi que le rejet familial en raison de l’orientation sexuelle peut toucher n’importe qui.

Une présidente engagée corps et âme
Valérie Lemercier incarne Noëlle, une présidente d’association engagée corps et âme. Tiraillée par une urgence perpétuelle, elle cherche sans relâche des solutions simples et rapides. Comme lorsqu’elle part récupérer les invendus des supermarchés, des fonds pour la structure, ou qu’elle obtient des contrats de travail pour ses poulains.
L’énergie débordante de cette actrice correspond parfaitement à son personnage. Rejetant les émotions et l’empathie, elle privilégie l’action. Elle insiste sur la nécessité de mettre ses émotions de côté pour se concentrer sur l’essentiel : la réintégration de ces jeunes dans la société.

Les bienfaits de l’éducation civique
Alex, interprété par Finnegan Oldfield, est intéressant pour la narration car il arrive comme un intrus dans cette association. Condamné à des travaux d’intérêt général, il incarne notre regard de spectateur, étranger à cet univers. On va alors découvrir cet environnement à travers ses expériences, notamment ses erreurs, que nous aurions pu commettre à sa place. En particulier de fausses promesses dévastatrices…
Bien qu’au départ, le jeune homme ne se pense pas être à sa place, il finit par s’investir progressivement. Le film édulcore cette facette judiciaire de la société où des jeunes, contraints à s’engager sous forme de sanction pénale, finissent par trouver un sens à leur quotidien.

Un titre hautement significatif
Bien que cela soit explicite, le titre « L’Arche de Noé » prend toute sa signification dans la toute dernière scène du film, lors du spectacle organisé par l’association.
Il s’agit bien entendu d’une des histoires les plus connues de l’Ancien Testament de la Bible. Le film utilise cette référence universelle pour métaphoriser l’association. Tout comme l’arche a recueilli une diversité d’animaux pour les sauver du déluge, l’association accueille et accompagne une variété de profils LGBT+ rejetée par leurs proches, pour les réintégrer dans la société.

« L’Arche de Noé » est un film saisissant qui nous embarque et dont on ne ressort pas indemne. C’est une véritable réussite, sans prétention d’une quelconque moralité. Sobre, juste, le métrage se contente simplement de témoigner des faits vécus, avec une résonance émotionnelle brillante.
[Bande-annonce – L’Arche de Noé]
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