5/5 !
Synopsis
En avril 1976, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense. Mais très vite, leurs rapports se tendent. Goldman, insaisissable et provocateur, risque la peine capitale et rend l’issue du procès incertaine.
Critique
« Le Procès Goldman » retrace le second procès de Pierre Goldman, accusé d’un double meurtre dont il a toujours clamé son innocence. Ce film historico-judiciaire est un cas d’école remarquable qui offre un regard neuf sur une figure emblématique des années 70.
La personnalité de Pierre Goldman
La fascination autour du Procès Goldman trouve sa source dans la personnalité controversée de Pierre Goldman. Brillant et se revendiquant « insoumis », il est emprunt d’une puissante idéologie communiste. Militant engagé, il est d’ailleurs devenu auteur d’un livre à succès pendant son incarcération.
Doté d’une éloquence remarquable, ce juif laïque est surtout une figure théâtrale, dont le procès lui a sert de tribune publique. Quitte à être très provocateur, il veut avoir la main mise sur sa défense qu’il estime être la sienne. Il va même jusqu’à défier et contredire ses avocats en pleine tribune, les laissant par moment désemparés.
Fêtard, démago, malicieux et turbulent, il chauffe sans cesse son auditoire, parfois au bord de la témérité. Même si son assurance le sauve, il semble mésestimer la façon dont ses propos peuvent se retourner contre lui.
Une impartialité exemplaire
« Le Procès Goldman » est un huit clos qui se distingue comme une référence incontestée dans le genre des films judiciaires. Dénué de musique, d’artifices ou d’archives véritables, il se concentre exclusivement sur le procès.
D’une impartialité exemplaire, la force du film réside dans sa neutralité. Il nous positionne dans la perspective des jurés, eux aussi spectateurs du procès. Aucune affirmation catégorique, aucune certitude absolue, les preuves présentées sont fragiles, les témoignages contradictoires, s’annulant les uns après les autres. En réalité, il n’y a pas de preuve définitive.
Ainsi, dans un mélange de doutes et de déclarations inexactes, « Le Procès Goldman » se présente comme un chef-d’œuvre magistral qui nous tient en haleine jusqu’à son dénouement.
Des figurants en pleine improvisation
Grâce à une interprétation d’une justesse remarquable de la part des acteurs, le film baigne dans l’excellence absolue du cinéma français.
Il est intéressant de noter que les figurants en arrière-plan n’avaient aucune connaissance du scénario. Malgré quelques indications, ils avaient une totale liberté d’improvisation quant à leurs réactions et leurs dialogues. Et ce détail n’était pas connu des acteurs !
Ces derniers ont donc dû composer avec cette variable imprévisible, comme s’ils jouaient une pièce de théâtre en plein direct. Ce qui importait le plus au réalisateur étaient ces interactions spontanées afin de donner de l’ampleur au tournage !
Au cœur des années 70
« Le Procès Goldman » nous plonge dans une France d’antan en pleine transition, coincée entre deux époques. Situé après les événements de Mai 68 et quelque peu avant l’élection de Mitterrand, le pays est profondément influencé par la pensée communiste. Le besoin de changement et de liberté sociale est immense et la gauche est réclamée avec insistance.
Il est crucial de souligner que Pierre Goldman était une figure emblématique. D’un point de vue politique, il a bénéficié du soutien de toute la gauche et a également été appuyé par de nombreux artistes, parmi lesquels Maxime Le Forestier qui lui a dédié une chanson. D’un certaine façon, « Le Procès Goldman » met en lumière cette fascination universelle des élites pour les rebelles et les hors-la-loi.
En utilisant le huis clos comme point de départ, le talent de Cédric Kahn se manifeste dans sa capacité à recréer l’atmosphère de toute une époque autour d’un procès majeur. C’est un véritable tour de force artistique pour le réalisateur qui nous propose du grand art !
[Bande-annonce – Le Procès Goldman]
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