3/5
Synopsis
Simon, réalisateur aguerri, débute le tournage d’un film racontant le combat d’ouvriers pour sauver leur usine. Mais entre les magouilles de son producteur, des acteurs incontrôlables et des techniciens à cran, il est vite dépassé par les événements. Abandonné par ses financiers, Simon doit affronter un conflit social avec sa propre équipe. Son seul allié est le jeune figurant à qui il a confié la réalisation du making of.
Critique
Quelques mois après le carton du « Le Procès Goldman », l’inarrêtable Cédric Kahn revient avec « Making Of », un film dans le film captivant sur les méandres tumultueux d’un tournage.
Immersion dans la cellule bouillonnante d’un tournage
Dans « Making Of », on est rapidement fasciné par l’engagement acharné de l’équipe cinématographique, qui se démène pour le succès du film. Les financiers interfèrent, des coupes dans le scénario et dans le personnel sont nécessaires, mais personne n’est prêt à faire de compromis. Joué par Denis Podalydès, le cinéaste s’accroche à ce qu’il veut faire, et c’est là que nait le grand vertige artistique. Comme un entrepreneur solitaire, il doit convaincre, diriger et persévérer.
Le film offre une compilation des anecdotes les plus extravagantes vues, vécues et entendues dans le milieu cinématographique. Cédric Kahn assure que malgré ces moments de folie, « Making Of » reste fidèle à la réalité des tournages. Ce sont de véritables microcosmes bouillonnants où tout est amplifié. Tout le monde se marche dessus, ce qui donne parfois des situations rocambolesques.
Joseph, le jeune prodige
Dans chaque histoire, un personnage extérieur sert souvent de guide narratif pour nous intégrer dans l’univers du film. Incarné par Stefan Crepon, Joseph est un jeune pizzaïolo qui rêve de faire du cinéma.
À travers ce personnage, le réalisateur trace en réalité son propre portrait à l’écran. Il nous livre l’histoire d’un jeune passionné qui, animé par la rage de vivre, cherche à provoquer sa chance.
Cédric Kahn soulève également la question de la véritable magie du cinéma. Malgré les défis et les imprévus, l’écran, la reconnaissance, et même l’atmosphère de camaraderie au sein des équipes, offrent une effervescence inestimable pour ces professionnels.
Trop de romantisme…
Le défaut de « Making Of » est, qu’au lieu de se cantonner à être une pure comédie avec de vraies anecdotes de tournages, le film s’étend trop longuement sur des histoires parallèles. Bien qu’il soit fascinant d’observer l’impact d’un tournage sur la vie d’un artiste, l’aspect romantique prend parfois le pas sur le potentiel comique du métrage, occultant certaines occasions de rire.
C’est d’autant plus dommageable compte tenu de la présence de Jonathan Cohen, véritable pilier de l’humour. Fort heureusement, son talent singulier apporte une touche de fraîcheur à chaque scène.
Le pouvoir et l’abus de pouvoir
Simon prépare un film socialement engagé sur la fermeture d’une usine, avec des ouvriers sur le carreau. Et, ironie du sort, avec de gros problèmes financiers, c’est l’équipe de production se retrouve à son tour sur le carreau. Cette mise en abyme montre que le problème n’est pas le pouvoir, mais l’abus de pouvoir.
Ainsi, « Making Of » soulève une question sans réponse : lorsque l’on ambitionne de réaliser un long-métrage à caractère social, de défendre les travailleurs à l’écran, peut-on se permettre de maltraiter ses propres équipes, de les sous-payer et de tromper les financiers au nom de ses convictions artistiques ?
« Making Of » s’achève sur une phrase finale : « Le cinéma, c’est une drogue dure ». Malgré l’épuisement extrême, malgré ce « Plus jamais! » après un tournage, Cédric Kahn témoigne de cette addiction indéfectible pour le cinéma. Car, quels que soient les obstacles, il subsiste quelque chose de galvanisant qui manque rapidement aux artistes en soif de création.
[Bande-annonce – Making Of]
0 commentaires