5/5 !
Synopsis
Julien est professeur au collège. Jeune et volontaire, il essaie de créer du lien avec sa classe en prenant sous son aile quelques élèves, dont la timide Leslie. Ce traitement de faveur est mal perçu par certains camarades qui prêtent au professeur d’autres intentions. Julien est accusé de harcèlement. La rumeur se propage. Le professeur et son élève se retrouvent pris chacun dans un engrenage. Mais devant un collège qui risque de s’embraser, un seul mot d’ordre : pas de vagues…
[Bande-annonce – Pas de vagues]
Critique
En 2020, le hashtag #Pasdevagues est devenu le #Metoo des enseignants. Suite à l’assassinat de Samuel Paty, un élan de colère a émergé, dénonçant un manque de soutien de la part de la hiérarchie face à l’omerta d’une certaine violence.
Avant de devenir réalisateur, Teddy Lussi-Modeste a exercé en tant que professeur de français dans plusieurs collèges de la Seine-Saint-Denis. Il s’est directement inspiré de son vécu personnel pour nous raconter « Pas de vagues », un film coup de poing au titre hautement symbolique.
Isolé dans un environnement collectif
« Pas de vagues » est un film juste et précis qui décrypte les difficultés de l’enseignement d’aujourd’hui.
L’école est un environnement caractérisé par une vie collective animée. De multiples acteurs interviennent tels que les enseignants, les surveillants, l’Académie, l’administration, les parents d’élèves et leurs enfants.
Il est donc paradoxal de constater à quel point un professeur peut vite se sentir isolé dans l’exercice du métier. Pourtant, face à des défis et même des menaces, certains enseignants se retrouvent rapidement seuls, voir abandonnés par le système dont ils font intègrement partis.
L’engrenage d’une spirale infernale
Le récit haletant de « Pas de vagues » nous plonge dans une spirale infernale.
Dans ce thriller suffocant, Julien va apprendre à vivre dans la peur. Face à de multiples menaces de mort, il n’ose plus passer par l’entrée principale du collège et va même jusqu’à craindre pour sa vie. Il souhaite porter plainte mais on lui dit que c’est impossible. Le système est enraillé et il se retrouve pris au piège d’un engrenage, bien plus vite qu’il l’aurait cru. Ces évènements successifs ont de quoi nous faire réagir.
Colère, rogne et rage, comme dans « Bac Nord », difficile de se contenir devant tant de réalité au point parfois, d’avoir les larmes qui montent face à tant d’impuissance.
L’histoire d’un enseignant combattif
Pourtant, malgré les circonstances, Julien se révèle être un enseignant d’un courage remarquable. Même si son attitude peut sembler inconsciente, voir naïve au début, il refuse de se mettre en retrait et continue d’enseigner. Malgré la peur qui le tenaille, il affronte les difficultés avec détermination.
De ce fait, « Pas de Vagues » présente une nuance appréciable face à la délicatesse de l’affaire. Julien se remet en question, reconnaissant les petites erreurs qu’il a pu commettre, comme offrir des kebabs aux élèves qu’il jugeait les plus méritants.
Un scénario nuancé
Le personnage de Leslie, incarné par Toscane Duquesne, est présenté avec une grande subtilité également. Sous l’influence d’un groupe de filles toxiques, elle se révèle être une adolescente timide dont les interprétations peuvent sembler exagérées. Pourtant, il est crucial de reconnaître que ce sont ses propres ressentis. Le scénario prend soin de ne pas la condamner comme une menteuse, soulignant l’importance d’écouter SA vérité.
Ainsi, le film s’efforce de donner la parole à chaque partie prenante, expliquant les erreurs de chaque camp qui, cumulées, finissent par avoir des conséquences désastreuses.
L’actualité brûlante d’un changement glaçant de société
Il est indéniable que le film rappelle les tragédies d’Agnès Lasalle, de Samuel Paty et de Dominique Bernard. Certes, « Pas de vagues » ne traite pas du tout du terrorisme islamisme mais il dénonce néanmoins une réalité dans laquelle la rue et la racaille ont débordées sur le cadre scolaire.
N’en déplaise à une certaine presse d’extrême gauche, le film aborde une actualité brûlante où la sécurité des professeurs est devenue une préoccupation majeure. Depuis ces assassinats symboliques, l’école n’est plus perçue comme le sanctuaire républicain qu’il était, et la profession d’enseignant a perdu en respect et en considération.
Aujourd’hui, chaque professionnel de l’Education Nationale se rend au travail avec la conscience aiguë qu’il pourrait être victime sur son lieu de travail. « Pas de vagues » tente de remuer l’océan de nos consciences et dénonce avec justesse ce changement glaçant de société.
[Pas de vagues – Extrait de la scène d’introduction du film]
Je n’avais pas envie d’aller voir ce film. Pas parce que le thème du film ne m’intéresse pas, ces souffrances, ces détresses me rappellent mon travail côté » soignante, accompagnement » et j’ai envie de m’en éloigner.
Après la lecture de la critique, je pense que je vais laisser mon envie de côté….