5/5 !
Coup de ❤
Synopsis
Antonia, dite Toni, élève seule ses cinq enfants. Un job à plein temps. Elle chante aussi le soir, dans des bars, car il faut bien nourrir sa famille. Toni a du talent. Elle a enregistré un single qui a cartonné. Mais ça, c’était il y a 20 ans. Aujourd’hui ses deux aînés s’apprêtent à rejoindre l’université. Alors Toni s’interroge : que deviendra-t-elle quand toute sa progéniture aura quitté le foyer ? A 43 ans, est-il encore temps de reprendre sa vie en main ?
Critique
Scénario mature d’une finesse absolue, « Toni, en famille » dresse le portrait coloré d’une famille nombreuse. Conduit par une Camille Cottin combattive, le film jongle entre le quotidien minutieux d’une maman, et la remise en question intime d’une femme.
Véritable réussite, ce nouveau coup de cœur du cinéma français est une brillante découverte que l’on doit au jeune réalisateur Nathan Ambrosioni. Bravo !
Un désir d’émancipation… Même à 42 ans !
Voyant ses enfants grandir, devenir de jeunes adultes, il s’éveille en Toni un désir puissant d’émancipation. Une prise de conscience criarde car, même si elle sait qu’elle sera toujours leur mère, son métier de maman va prendre fin quand ils seront tous partis du foyer. Que deviendra-t-elle à ce moment-là ?
C’est ainsi que nous suivons l’évolution d’une femme confrontée à un changement de vie majeure. Etant mère au foyer, elle va finalement chercher à se récréer une nouvelle indépendance, dans un moment où ses propres enfants vont se construire la leur.
Dans cette quête de soi, Antonia, 42 ans, est rapidement confrontée à ses vieux démons. Elle doit nécessairement s’en détacher pour avancer. Accès restreint aux formations, financements délicats, bilan de compétences obligatoire, le film révèle les obstacles orageux d’une administration française verrouillée.
Entre précarité et vie de famille
Cinq adolescents à la maison riment forcément avec vacarme et états d’âme. Menée d’une main de fer par Toni, le film dissèque la délicate composition d’une vie en communauté. Tout le monde se marche dessus, partage tout, et tout le monde s’aime.
« Toni, en famille » s’inscrit comme une balade sincère dans les entrailles d’une cellule familiale bégnine. Un métrage fédérateur dans lequel chacun peut reconnaître un peu de soi dans les personnages, qu’il s’agisse de la maman, de la grande sœur ou du petit frère en détresse.
Aussi, d’un réalisme saisissant, Camille Cottin interprète une mère courageuse aux nerfs solides. Engluée dans une profonde précarité, tout est cadré au centime près. Mais elle veille à ce que ses enfants ne manquent de rien, au prix de nombreux de sacrifices.
Les complexités de l’adolescence
Dans une transition entre l’enfance et l’âge adulte, l’adolescence est une partie de vie compliquée. On découvre qui on est, son corps évolue et c’est dans le regard de ces cinq frères et sœurs que « Toni, en famille » explore ces différentes phases de la puberté. Les personnalités s’affirment, les corps changent et des choix vertigineux sur l’avenir se préparent. Résolument moderne et au goût du jour, le film aborde même une réflexion décomplexée sur la sexualité.
Confronté à des choix de vie vertigineux, les deux aînés, Marcus et Mathilde, s’apprêtent à quitter le cocon familial pour rejoindre les grandes études. Puis il y a Tim, en pleine crise d’adolescence. Agressivité, perte de repère, Camille Cottin joue le rôle poignant d’une maman qui n’a pas su déceler le mal-être de son fils, mais qui saura l’accompagner avec amour et complicité.
Un chef d’œuvre soigné de bout en bout
Dans la forme, contrairement à d’autres métrages qui se laissent déborder par des histoires secondaires inutiles, « Toni, en famille » est parfaitement dosé. Faisant passer la famille en priorité, on apprend à véritablement connaître les éléments environnants qu’au fur et à mesure.
Le fait que la tribu vit sur la Côte d’Azur, que Toni est une ancienne candidate de la Star Academy ou encore, le rôle du père étrangement absent, toutes ces micros informations viennent se greffer petit à petit, sans ne jamais perturber l’essence du film. On note d’ailleurs la création d’un single musical fait sur mesure pour le film, avec une inspiration du début des années 2000.
Drôle, sensible et léger, « Toni, en famille » n’est pas une comédie, ni un drame mais la fabuleuse romance d’une famille en pleine éclosion. Rappelant par moment les attributs d’un Xavier Dolan à la française, le réalisateur écrit une pépite sobre, poétique et singulière. Nathan Ambrosioni, voilà un nom à impérativement retenir pour les années à venir.
[Bande-annonce – Toni, en famille]
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