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Synopsis
Selma, 15 ans, grandit entre ses deux parents séparés, Michal et Élise. Des nuages de pluies acides s’abattent sur la France. Dans un monde qui va bientôt sombrer, cette famille fracturée va devoir s’unir pour affronter cette catastrophe climatique.
Critique
Après « La Nuée », le réalisateur Just Philippot affirme son obsession personnelle autour de la catastrophe écologique. Dans cette suite logique, « Acide » se veut anticipatif et se projette dans un futur proche. Un scénario au réalisme piquant, malheureusement rattrapé par une faute de moyens franchement décevante.

Bienvenue chez nous
Il est indéniablement agréable, particulièrement pour les amateurs d’horreur ou de science-fiction, de voir une aventure se dérouler sur le sol français. Tout ce que l’on a l’habitude de voir transposé dans des paysages américains se déroule cette fois-ci chez nous. En pleine campagne des Hauts-De-France, tout nous est familier, des maisons aux voitures en passant par les champs agricoles.
Ce choix est particulièrement plaisant pour nous spectateur, car il facilite notre immersion au cœur du désastre qui s’annonce.

Un cinéma de genre
« Acide » s’inscrit dans un cinéma de genre qui se veut à la fois alarmant et anticipatif. Il nous confronte à des images violentes, terriblement proche de la réalité. Les brûlures, les peaux crématisées, qu’il s’agisse d’humains ou de chevaux, les pluies acides frappent impitoyablement et n’épargnent personne.
Même si le film laissera bon nombre de déçus à chaudes larmes, ses images apocalyptiques restent fidèles à certains clichés. On retrouve les animaux qui ressentent le danger et fuient, les êtres humains directement touchés ou encore, les carcasses de voitures rouillées. L’exode des populations, les barricades militaires et les refuges improvisés dans les salles municipales font également partie du tableau.

Une approche anticapitaliste inadéquate
« Acide » est le récit d’un dérèglement climatique qui se manifeste par des pluies d’acides. L’explication scientifique repose sur des épisodes de fortes chaleurs de plus en plus récurrent, et une pollution humaine intense.
Mais l’essentiel de l’intrigue tourne autour d’une famille fracturée. En premier plan, c’est Guillaume Canet qui incarne le père, un ouvrier syndicaliste brutal et impulsif, qui va tenter de sauver son ex-femme et sa fille de 15 ans. Et c’est ce drame familial qui va être rattrapée par la catastrophe naturelle.
En faisant ce choix de mettre en avant Michal, personnage réactionnaire d’extrême gauche, le réalisateur inclut un engagement politique assez malvenue. Dès la première scène, lorsqu’une réunion syndicale tourne mal, Just Philippot crée une confusion entre économie et écologie. Il tente une approche anticapitaliste, selon laquelle les plus pauvres serait les plus impactés par les conséquences du réchauffement climatique. Or, tout le monde est concerné.

Une cavale qui manque de piquant
Malheureusement, en plus d’une maladresse idéologique, « Acide » sombre rapidement de l’ennui et l’auto-caricature.
Malgré de fabuleuses trouvailles, comme la scène magistrale de la balade à cheval en forêt ou l’effondrement du pont, l’ensemble demeure inégal. Le récit de la fuite ne tient pas la route et les prises de décision sont insensées. On a l’impression de suivre les impulsions d’un homme instable qui entraîne sa propre famille dans un périple égoïste, sans réflexion.
De plus, le manque de budget se fait rapidement sentir, et les acteurs ne sont pas valorisés dans leur interprétation. C’est particulièrement notable avec le personnage de Selma, interprétée par Patience Munchenbach, qui devient rapidement un cliché malgré elle. Elle incarne l’adolescente hystérique et dépassée, se limitant à crier, pleurer et paniquer.

Tous ces éléments gâchent l’angoisse que la première partie avait pourtant réussi à instaurer de manière brillante. « Acide » sonne alors comme un profond gâchis, celui d’une cavale qui manque de piquant…
[Bande-annonce – Acide]
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