
5/5
Synopsis
Un homme condamné trop jeune par la maladie. La souffrance d’une mère face à l’inacceptable. Le dévouement d’un médecin dans son propre rôle et d’une infirmière pour les accompagner sur l’impossible chemin. Une année, quatre saisons pour « danser » avec la maladie, l’apprivoiser, et comprendre ce que ça signifie : Mourir de son vivant.
Critique
Réalisatrice engagée, Emmanuelle Bercot manifeste dans ses oeuvres un attachement profond au secteur socio-médical. Actrice dans le célèbre « Polisse », elle réalise en 2014 « La Tête Haute », puis « La Fille de Brest » en 2015. Surfant constamment sur le docu-fiction, c’est dans une nouvelle histoire contemporaine, poignante et ultraréaliste que nous découvrons « De son vivant ».

Entourée de Catherine Deneuve et Benoît Magimel, ses acteurs habituels, Emmanuelle Bercot accentue la crudité du métrage dans le choix de l’incarnation du Docteur Eddé. Interprété par Gabriel Sara, ce docteur n’est pas en effet non pas un acteur, véritable médecin de profession. Ce dernier se démarque dès ses premières phrases par un tact et un langage médical pointilleux. Ce choix distributif apporte une plus-value documentaire au film.
Benjamin vient d’apprendre qu’il est atteint d’une maladie incurable. Non marié, sans enfant à charge, son échappatoire est le théâtre dont il est un professeur passionné. Il prépare des jeunes au Conservatoire. Bien qu’au début perturbant, l’art est inclus de manière brute dans le film. Sans artifices, ni musique, nous assistons à des sessions d’entraînement théâtrales comme si elles étaient réelles ou documentées. Les jeunes sont coachés et prennent véritablement possession de leur rôle. Le contrôle de soi, le lâcher prise, la pudeur et l’expression de nos sentiments, cet angle artistique apporte un degré puissant sur l’interprétation des émotions du récit.

Le déni, la colère, l’acceptation… « De son vivant » rentre avec pudeur dans la psychologie de l’ensemble des personnes impactées par la fin de vie. Il y a bien évidement la maman, interprété par Catherine Deneuve, dans la souffrance indescriptible de vivre l’attente de la fin… L’infirmière, dans une difficulté croissante d’accompagner les malades sur le chemin de la fin. Puis l’entourage, comme le reste de la famille, le personnel médical, ou bien les élèves de Benjamin.
Le film ose et explore en profondeur jusqu’au pires douleurs intérieures, celles des interrogations possibles avant la mort. Ces angoisses qu’on pense mais qu’on tente à peine de s’avouer : Que va-t-il rester de moi ? A qui vais-je manquer ? Quelles traces vais-je laisser après ma mort ? Prenant, poignant, déchirant, « De son vivant » sème de l’émotion pure sur le chemin de la mort.

Au-delà de cette épreuve, « De son vivant » est aussi un titre évocateur à la mémoire d’un homme et ce qu’il a été. Quelqu’un qui, au bilan de sa vie, fait le point sur ses erreurs, ses regrets et ses dernières volontés. C’est là qu’intervient un fils caché dont l’ex-compagne a une rancœur de très longue date avec la maman. Mais ces querelles sont vite balayées car finalement, peu importe, seul l’honneur et le respect du deuil compte.
Bilan
« De son vivant », est une claque émotionnelle : Se préparer à dire au revoir n’est jamais simple alors pourquoi ne pas en profiter du temps présent jusqu’au dernier moment ?
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