1,5/5

Synopsis

Sadie Harper, une jeune lycéenne, et sa petite sœur Sawyer sont encore sous le choc de la mort récente de leur mère. Dévasté, leur père Will, thérapeute de profession, ne leur prodigue ni soutien, ni affection. Lorsqu’un patient désespéré se présente à l’improviste à leur domicile pour demander de l’aide, celui-ci fait entrer avec lui une terrifiante entité s’attaquant aux familles et se nourrissant de leurs plus grandes souffrances.

Critique

Issue du recueil « Danse macabre » paru en 1978, « Le Croque-mitaine » est la troisième adaptation visuelle de la nouvelle «The Boogeyman» de Stephen King. Appuyé par une bande-annonce des plus alléchantes, le film tenait de fabuleuses promesses… Que le monstre a du dévorer en route…

La peur du noir

Sur la forme, « Le Croque-mitaine » est fascinant, puisqu’il reprend les fondamentaux archaïques de l’épouvante. Semblable à « Dans le noir » sorti à l’été 2016, le film use de nos peurs d’enfant les plus instinctives.

La phobie du noir avant de dormir, la crainte de la nuit et des bruits inconnus, c’est tout un univers mythique et populaire qui est exploité. Qui n’a jamais eu cette frayeur de croiser une bête imaginaire en regardant sous le lit ? Un affront où la lumière apparaît comme la seule arme de défense possible.

La fibre familiale

Pour incarner ces terreurs fantaisistes, le casting a choisit deux filles, l’une enfant et l’autre, adolescente. Une sélection judicieuse puisque la cadette incarne nos peurs infantiles. Tandis que Sadie, la plus âgée, défend un angle plus philosophique où elle combat ce monstre comme pour assouvir le deuil de sa mère.

Toutefois, en s’attaquant directement aux enfants, « Le Croque-mitaine » agite la précieuse fibre familiale. En effet, il y a chez tous les parents du monde, ce besoin permanent de vouloir surprotéger ses progénitures de tout danger. Et le film commence très fort puisqu’il choque avec la mort d’un nourrisson dans son propre lit. De quoi éveiller nos pires traumatismes de façon factuel…

De belles idées mais…

Presqu’un gâchis, le film a de fabuleuses idées qui auraient mérités d’être poussées. A commencer par les relations de Sadie avec les autres filles du lycée. Timide et marginale, elle souffre d’exclusion et d’un harcèlement scolaire banalisé. Or, on ne voit le groupe de copines qu’à deux reprises…

Autre exemple des plus parlants qu’est celui de la dent de lait de Sawyer, la petite sœur. Alors qu’elle se la fait arrachée, le monstre la récupère discrètement. Puis, lors d’une scène semblable au film culte « Rings – Le Cercle », la plus grande va la vomir et l’extraire de sa bouche.

… L’ennui prend le dessus

Malheureusement, ces scènes sensationnelles sont brisées par des lenteurs incompréhensibles. Certains moments buttent sur le drame familial et insistent avec force sur l’absence de la mère décédée. Cet apitoiement permanent brise un rythme qui peinait déjà se mettre en place, et l’ensemble finit par nous perdre…

De ce fait, en jouant au maximum sur la corde sensible, « Le Croque-mitaine » s’essouffle très vite. Alors que le film avait des promesses de surprise et d’effroi, l’émotion omniprésente du deuil étouffe et l’ennui finit par devenir le seul ressenti qui vaille… Ainsi, nous ayant perdu avant même la fin, les scènes d’attaques deviennent gâchées car stérile et caractérisées par notre hésitation à quitter de la salle.

Nombreux sont les fans de Stephen King qui défendront leur idole bec et ongle. Mais il faut parfois savoir rester objectif et admettre que « Le Croque-mitaine » est une caricature qui sombre dans un déjà vu assez amer. Un raté dont on ne comprend même pas la sortie en salles vu la rapide lassitude provoquée. Fallait-il rentabiliser ? Parce qu’une sortie discrète sur une plateforme de streaming aurait largement suffit…