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Synopsis

Anne, avocate renommée, vit en harmonie avec son mari Pierre et leurs filles de 6 et 7 ans. Un jour, Théo, 17 ans, fils de Pierre d’un précédent mariage, emménage chez eux. Peu de temps après, il annonce à son père qu’il a une liaison avec Anne. Elle nie.

Critique

Dix ans après son dernier film, Catherine Breillat a fait un retour fracassant lors du Festival de Cannes 2023. La réalisatrice, connue pour sa capacité à bousculer les codes, nous offre une histoire troublante aux enjeux inédits.

Porté par Léa Drucker, « L’Été Dernier » relate une romance imprévisible, venue perturber le quotidien d’une famille bien établie.

Un film profondément esthétique

« L’Été Dernier » est en premier lieu un film profondément esthétique. Les paysages, aux couleurs chaudes et pastelles, rappelle le climat estival, créant une ouverture à la sensualité et à la séduction.

Situé dans la banlieue bourgeoise des Yvelines, la maison familiale est entourée d’arbres, d’étangs et de forêts. Cet isolement en pleine nature joue un rôle crucial dans le film, puisqu’il atomise le drame dans le silence. Et rend cette relation interdite encore plus intime.

Cette ambiance, propice aux débordements, positionne inévitablement le spectateur en qualité de voyeur. L’invitant à être dans la confidence d’un scandale étouffé…

Une sensibilité érotique

Actrice aux multiples facettes, Léa Drucker affirme que c’est de la première fois qu’elle s’engage dans un personnage aussi intense, autant sur le plan physique que psychique.

Le tournage de « L’Été Dernier » a en effet, fait appel à un don de soi vertigineux de la part des acteurs. La réalisatrice ayant tenu à créer des tableaux charnels, les acteurs montrent leurs corps de façon décomplexée. De ce fait, les scènes dénudées sont abordées avec une sensibilité érotique.

Un couple improbable, Léa Drucker, impériale

« L’Été Dernier » est la révélation magistrale d’un couple improbable. Alors que Léa Drucker transcende l’écran avec effroi, c’est véritablement Samuel Kircher qui créer la surprise. Le rôle étant initialement destiné à son frère ainé, il lui a été attribué dans l’urgence d’un remplacement.

Impériale, Léa Drucker interprète Anne, une quinquagénaire accomplie. Vie de famille stable, carrière professionnelle réussie, elle arrive à un stade de sa vie où après avoir tout acquis, cet écart sonne comme une sortie de routine. Au risque de tout perdre…

Cependant, le danger de cette liaison cachée n’a pas la même importance pour chacun d’eux. Lui est emporté par la fougue de la découverte et de la jeunesse, tandis qu’elle, vit ça comme une pulsion qu’elle pense maîtriser.

Or, lorsque la situation devient bancale, elle plonge dans un instinct de survie schizophrénique. Manipulatrice, machiavélique et d’une froideur absolue, son seul but va être de protéger le socle familial. Une interprétation ahurissante à la hauteur d’un César…

L’amour sous une forme monstrueuse

Le film peut sembler long car, grâce à d’inaperceptibles détails, le scénario prend le temps d’ancrer le doute entre Anne et son beau-fils. D’une bonne entente jusqu’aux premières tensions, s’ensuivent des incertitudes quant à une attirance mutuelle. Jusqu’à la faille ultime, celle du premier baiser.

Finalement, l’amour peut prendre différentes formes, et elles peuvent parfois être monstrueuses. C’est précisément ce que Catherine Breillat a cherché à nous faire ressentir. La réalisatrice nous plonge délibérément dans une confusion obscène, celle d’une romance passionnelle asservie par l’immoralité.

C’est ainsi que « L’Été Dernier » secoue notre éthique en soulevant de multiples questions, notamment celle du consentement. L’écart d’âge étant le point central de cette réflexion, il ravive le houleux débat sur la majorité sexuelle.

« L’Été Dernier » est une aventure affreusement excitante car périlleuse, dans laquelle deux individus s’égarent dans un tourbillon de sentiments incontrôlés. Cette réinterprétation d’une « Madame Bovary » des temps modernes est une perle, qui redéfinit l’art de la transgression à la française.

[Bande-annonce – L’Eté Dernier]