4,5/5

Synopsis

Omar, plus connu sous le nom d’Omar la Fraise, est un bandit à l’ancienne. Contraint à la cavale en Algérie, il vit de petites magouilles, accompagné de son illustre acolyte Roger. Après avoir régné sur le milieu du banditisme français durant des décennies, ils doivent ensemble accepter leur nouvelle vie alors qu’ils n’ont vécu jusqu’à présent que dans la débauche et la violence.

Critique

« Omar La Fraise » est un film unique, qui ne ressemble à aucun autre, avec un regard franc et inédit sur l’Algérie. Cette comédie d’action est un western du bled, brillant de mille feux grâce à sa folie et son authenticité. Un régal !

Un cow-boy oriental des temps modernes

« Omar La Fraise » raconte la chute d’un baron de la drogue, contraint de revenir dans son pays d’origine pour échapper à la prison française. Partir de zéro pour se reconstruire, voilà une nouvelle liberté qui s’offre à lui. L’Algérie devient son far west, un terrain de jeu où tout est possible. Mais tel un enfant, il ne sait pas comment s’y prendre, sans dérailler…

Interprété par Reda Kateb, ce personnage éponyme est un cow-boy oriental des temps modernes. Insoumis, rebelle, son surnom mythique, « La Fraise », est une véritable légende locale. Chacun y va de sa propre interprétation, mais personne ne connaît réellement l’histoire…

Lié à son frère de cœur, il peut compter sur Roger pour l’accompagner et le soutenir, un bandit à la retraite variant entre férocité et bonhomie.

L’Algérie, la vraie

« Omar La Fraise » est cocktail méditerranéen explosif, un méli-mélo de sentiments où tout est amplifié. Il y a de belles histoires d’amour, des complicités amicales touchantes que le réalisateur tranche par des moments de violences extrêmes, parfois choquants. On y voit d’ailleurs une jeunesse à vif, et même féroce.

Ces scènes brutes peuvent surprendre, mais elles sont le souffle de vie qui caractérise le pays. Les rapports sont rustres, les échanges francs, et les sourires sincères. Tout est dans l’intensité, la fierté et l’insouciance de l’instant.

Aussi, « Omar La Fraise » se détache grâce à une auto-dérision autour de ses personnages. Véritable code de société au Maghreb, le sarcasme est comme un kit de survie culturel pour les algériens. Et ce trait de caractère culturel, on le retrouve tout au long du film avec beaucoup d’ironie.

Le bon, la brute et le truand

« Hors Normes », « Les Promesses » ou « Le Chant du Loup », après nous avoir habitué à des personnages engagés par le cœur et la conviction, Reda Kated est méconnaissable dans ce rôle de gangster en pleine résilience.

A ses côtés, Benoit Magimel, sacré Meilleur Acteur Français à deux reprises, confirme son ancrage à l’écran. Assez surprenant, on ne le voit finalement peu dans le film, mais chacune de ses apparitions en impose, grâce à son charisme sidérant. On notera d’ailleurs un rap prodigieux au micro !

Or, le patriarche va progressivement laisser place à Meriem Amar, alias Samia. Libre et indépendante, c’est une jeune algérienne bosseuse qui n’a pas peur de l’échec. Manageur, elle sait travailler dur et se faire respecter avec douceur.

Le pouvoir du féminisme

Un parallèle avec « Jeanne du Barry » sorti une semaine plus tôt serait osé, et pourtant il y en a bien un. Voilà deux films à l’affiche réunis sur une moralité universelle qu’est le féminisme. En effet, chaque récit prouve à sa façon, que seule une femme peut suffire à combler (et calmer) un homme déchu.

Et c’est dans sa quête d’équilibre que « Omar La Fraise » laissera son cœur entre les mains de Samia, son élue affective qui saura le cadrer, l’apaiser et lui redonner goût aux choses simples.

Voyage sincère et sans taboo au cœur de l’Algérie, « Omar La Fraise » est une pépite surprise, aussi saillante que son fruit défendu. Remarquable, le film séduit parce qu’en plus de reposer sur des personnages réussis, il chatouille un rapport perpétuel entre la France et l’Algérie. Ce Tarantino Nord-Africain est un polar comique à délecter qui ne ment pas sur la marchandise !