« How to have sex » – Désenchanté

How to have sex de Molly Manning Walker - Affiche Film Cinéphilion

4,5/5


Synopsis

Afin de célébrer la fin du lycée, Tara, Skye et Em s’offrent leurs premières vacances entre filles dans une station méditerranéenne. Le trio compte bien enchaîner fêtes, cuites et nuits blanches, en compagnie de colocs anglais rencontrés à leur arrivée. Pour la jeune Tara, ce voyage de tous les excès a la saveur électrisante des premières fois… Jusqu’au vertige. Face au tourbillon de l’euphorie collective, est-elle vraiment libre d’accepter ou de refuser chaque expérience qui se présentera à elle ?

Critique

Photographe à l’origine, Molly Manning Walker signe ici son premier long-métrage. Récompensé par le prix « Un Certain Regard » au Festival de Cannes 2023, « How to have sex » est un film coup de poing, qui retrace avec subtilité, la déception d’une première fois, façonnée par des pressions extérieures.

How to have sex de Molly Manning Wlaker - Mia McKenna-Bruce & Enva Lewis dans la folie des springbreak européens - Cinéphilion

L’Anti « American Pie »

Ce voyage entre copines est l’occasion pour Tara de tester ses limites, et probablement de perdre sa virginité. Cependant, au-delà de l’aspect festif, « How to have sex » va bien plus loin et explore sobrement, et de manière inédite, la question du consentement chez les femmes.

Pendant longtemps, ce sont les hommes qui étaient mis en avant dans ce type de films. La sexualité y était abordée sous le prisme de la comédie, parfois trash, mais il y a rarement eu de perspectives féminines sur ce sujet.

« How to have sex » intervient alors comme un anti « American Pie » avec un engagement social de fond. Ce métrage est une agréable surprise, qui offre une prise de conscience percutante pour les jeunes générations.

How to have sex de Molly Manning Wlaker - Mia McKenna-Bruce & Samuel Bottomley dans un anti American Pie qui met le consentement de la femme à l'honneur - Cinéphilion

Inconscience ou innocence ?

« How to have sex » se démarque par son réalisme, évitant toute exagération. Pas d’hypersexualisation à outrance, ni de scènes crues, le film se concentre plutôt sur les émotions intérieures de Tara. Au cœur de ce tumulte festif, les excès surgissent parfois brusquement, empreints d’une grande violence.

C’est dans ce tourbillon que l’on découvre comment la jeune femme gère ses ressentis, notamment après la violence de l’acte sexuel qu’elle vient de vivre. Inconscience ou innocence, le film interroge sur notre propension à accepter des situations qui, en réalité, ne devraient pas l’être…

How to have sex de Molly Manning Wlaker - Mia McKenna-Bruce, Daisy Jelley & Enva Lewis - Cinéphilion

Une découverte brutale

L’épreuve émotionnelle vécue par Tara est profondément troublante. Elle franchit l’instant inévitable du dépucelage, mais elle se demande ce qu’elle aurait pu faire différemment. Cette initiation se révèle être une découverte brutale, une approche désenchantée totalement différente de ce à quoi elle s’attendait.

Elle est envahie par une angoisse existentielle face à cette expérience qu’elle avait tant idéalisée. Une immense tristesse l’envahit, sa première fois ne correspondant en rien à l’image fabuleuse qu’elle s’était faîte…

How to have sex de Molly Manning Wlaker - Mia McKenna-Bruce découvre avec brutalité la sexualité - Cinéphilion

Mia McKenna-Bruce à la hauteur d’un rôle complexe

Mia McKenna-Bruce, cette jeune actrice aux faux airs de Drew Barrymore est la révélation absolue de « How to have sex ». La grande réussite du film réside dans l’incroyable subtilité de son interprétation.

Dans ce rôle délicat, elle laisse paraître une certaine assurance face à ses copines et ses amis de vacances, alors qu’elle est intérieurement rongée par l’angoisse. C’est là que réside toute la complexité de son jeu. La comédienne doit jongler entre l’apparence d’une confiance en public, tout en laissant apparaître sa fragilité en un regard au spectateur.

How to have sex de Molly Manning Wlaker - Mia McKenna-Bruce à la hauteur d'un rôle complexe - Cinéphilion

Les springbreak low-cost européens

L’environnement du film se veut réaliste, reflétant les ambiances springbreak européens low-cost, que l’on retrouve généralement en Espagne ou en Italie.

Habituellement, ce type d’histoire mélodramatique se déroule dans des décors sombres et déprimants. Mais la réalisatrice, initialement professionnelle de la photographie, a délibérément choisi de se démarquer en utilisant des couleurs vives, des néons fluorescent la nuit et une omniprésence du soleil en journée. Elle a créé de véritables tableaux, renforçant la qualité visuelle du film.

[Bande-annonce – How to have sex]

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