3,5/5
Synopsis
Tandis qu’ils passent leurs vacances dans un chalet en pleine nature, une jeune fille et ses parents sont pris en otage par quatre étrangers armés. Ils leur imposent de faire un choix impossible. S’ils refusent, l’apocalypse est inéluctable. Quasiment coupés du monde, les parents de la jeune fille doivent assumer leur décision avant qu’il ne soit trop tard…
Critique
Grand maître de l’angoisse, la réalisateur de « Split », « Sixième Sens » et « Signes » revient avec une nouvelle adaptation littéraire. Peu d’ingrédients, peu de moyen mais un arsenal de qualités dans lequel M. Night Shyamalan reprend ses bases habituels, faisant de « Knock at the cabin », un thriller d’épouvante ficelé et remarquable.
Le syndrome de l’otage
Alors que quatre intrus arrivent dans cette cabane, le début impressionne par sa vitesse et sa violence. C’est ensuite en intensifiant l’attente des captivés et de leurs forcenés que le spectateur est tenu en haleine. L’adrénaline monte et c’est sans nul doute le défi le plus réussi. Celui de Parvenir à maintenir une tension électrisante, parfois suffocante, tout au long du film et sans la moindre retombée.
Avec une scène d’introduction évocatrice de quelques minutes, le réalisateur crée une mise en abîme très subtile. Wen, la petite fille, chasse des sauterelles et des phasmes pour les enfermer et les observer dans un bocal. Plusieurs interprétations possibles, telle que l’idée d’une force supérieure qui va les scruter. Ou peut-être est-ce le reflet de nous-même, enfermés dans la salle de cinéma pour assister à l’évolution de cette famille prise en otage…
Un conte pour adultes
« Knock at the Cabin » s’apparente à un conte de fée cauchemardesque pour adultes. Alors qu’une enfant joue en pleine forêt, un homme imposant semblable à un ogre apparaît. C’est dans cette confusion entre notre vision cartésienne, qui imagine le pire, et cette atmosphère plutôt fantastique que le scénario prend son envol. Ainsi, de petits fragments extraordinaires s’ajoutent progressivement à l’histoire. Ils sèment en nous un doute profond quant à la véracité de la motivation des quatre agresseurs.
D’ailleurs, les ravisseurs sont clairs : Pour sauver l’espèce humaine de la fin du monde, ils doivent sacrifier un membre de leur famille. En évoquant l’un des dilemmes moraux les plus complexes qui puissent exister, le récit nous projette à la place des deux pères et de leur petite fille. Que ferions-nous à leur place ? Il n’y a aucune réponse envisageable. L’objectif du récit est d’agiter la chair familiale, une fibre universelle qui résonne en chacun de nous.
Dans l’ère du temps
Moderne sans pour autant être moralisateur, « Knock at the cabin » est un film générationnel brillant qui correspond à l’ère du temps. Homophobie, croyances et religions, en plus de dénoncer et de banaliser des thèmes de sociétés, M. Night Shyamalan a aussi savoureusement choisit ses personnages.
Asiatique, noir, roux, hispanique, tous représentatifs d’une minorité, il a lié le mythe céleste des quatre chevaliers de l’Apocalypse à chacun des imposteurs. Qu’il s’agisse de la famine, du soin de son prochain, de la conquête pour ce professeur de handball ou de la guerre, chaque thème est affilié à une interprétation profondément humaine. Les différences s’estompent, et chacun contribue à sa façon au bon fonctionnement d’une société libre et équilibrée.
Une satire visionnaire
Dans une cabane isolée au cœur d’une forêt, le film s’inscrit comme un huis clos. Pratiquement aucune interaction avec l’extérieur n’a lieu pendant le métrage. A l’exception des moments où les preneurs d’otages allument la télévision pour suivre l’actualité des catastrophes successives.
Et c’est précisément sur ce point que « Knock at the cabin » fait écho à la perception du monde, à notre façon d’appréhender la peur du danger extérieur, et fait concrètement référence aux différents confinements pandémiques que nous avons vécu. En prenant le couple a parti, le réalisateur confronte deux visions, notamment en ce qui concerne la croyance aux médias et aux journalistes. Seul vecteur de communication pendant leur prise d’otages, Eric à tendance à croire ce qu’il voit alors qu’Andrew, plus cynique, pense qu’il y a manipulation des faits.
Lors de chaque drame planétaire, les théories conspirationnistes questionnent et divisent. Et c’est sur cette base, qui n’a jamais été aussi brûlante d’actualité, que le film a implicitement choisi d’ironiser.
[Bande-annonce – Knock at the cabin]
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