
3/5
Synopsis
Marc s’enfuit avec toute son équipe dans un petit village des Cévennes pour finir son film chez sa tante Denise. Sur place, sa créativité se manifeste par un million d’idées qui le plongent dans un drôle de chaos. Marc se lance alors dans l’écriture du Livre des Solutions, un guide de conseils pratiques qui pourrait bien être la solution à tous ses problèmes…
Critique
Inspiré du vécu réel du réalisateur, « Le Livres des Solutions » est une comédie atypique, quasi-autobiographique. Dans un méli-mélo confus entre poésie, humour et créativité, Michel Gondry nous confie son passé détraqué aux côtés d’un casting irrésistible. Un film hautement sympathique même si les solutions du livre ne sont qu’un leurre…

Marc, une figure à part entière
Incroyablement incarné par Pierre Niney, Marc est un réalisateur invivable et bipolaire. Il ne peut pas s’empêcher de détruire et de virer tout ce qui lui résiste. Il veut construire son film selon ses envies et ses humeurs. Lâche, égoïste, peureux et lunatique, il est tellement dans l’obsession créative qu’il n’arrive même pas à comprendre que son équipe puisse se reposer ou dormir la nuit.
Pourtant, malgré autant de caractéristiques détestables, c’est à l’usure qu’il finit par devenir attachant… Ou plutôt, « attachiant » ! Une figure à part entière, un personnage complet, qui nous offre une drôlerie permanente.

Une immersion psychologique
Pour les plus novices d’entre nous, c’est-à-dire ceux qui ne sont pas des professionnels de cinéma, on se pose finalement la question de savoir si « Le Livre des Solutions » est une expérience. Ou plutôt, une sorte d’immersion psychologique dans l’esprit d’un réalisateur en pleine production, perdu entre la folie et le génie.
Michel Gondry conteste cette hypothèse mais il affirme que les artistes en devenir ont généralement plus d’idées que de moyens. Et que ce manque d’organisation se manifeste par une détresse et un stress chaotique. Le tout étant de faire surgir la beauté d’un chef d’œuvre dans ce désarroi, quel qu’en soit les moyens.

La scène culte de l’orchestre
Comme dit, « Le Livre des Solutions » n’est pas seulement une comédie, mais un docu-fiction calqué sur le passé intime du réalisateur. Les scènes sont si proches de la réalité que Michel Gondry a même rappelé certains protagonistes pour jouer leur propre rôle. C’est notamment le cas du propriétaire d’enregistrement dont on aperçoit brièvement le pénis.
Autre exemple qu’est celui de la scène de l’orchestre. Alors que Pierre Niney affirme sans conteste s’être amusé lors du tournage de ce passage culte, le réalisateur affirme avoir vécu cet instant lunaire au cours de sa carrière. Pour rappel, Marc demande aux musiciens de jouer sa gestuelle avec improvisation. On en rit encore !

Normaliser les troubles mentaux
Outre la comédie, « Le Livre des Solutions » a l’audace de normaliser les troubles mentaux avec dérision. Sujet toutefois délicat, le métrage parvient à banaliser le propos, et fait comprendre qu’une dépression, des troubles anxieux ou bipolaires peuvent arriver à n’importe qui.
Dans le film, Marc choisit d’arrêter son traitement. Avec une tempête monstrueuse dans son crâne, ses phases créatives le stimulent et le rendent délirant à l’excès. Ces médicaments lui permettaient pourtant de se concentrer et de se canaliser. Au gré de ses débordements, il va avoir une prise de conscience progressive sur la nécessité de se prendre en main.

Un manque d’audace plombant
Même si le film est un bijou des plus agréables, il est déchirant d’admettre que « Le Livre des Solutions » n’en a finalement que le titre. Marc, le personnage principal, a beau noter des consignes personnelles pour se calmer, il se perd dans sa folie. Et le livre finit rapidement sur le côté, ne devenant qu’un accessoire sans véritable intérêt. On finit même par l’oublier…
Puis, le métrage s’essouffle… Malgré moultes gags, l’heure passe, les choses trainent et on se demande concrètement quelle va-t-être l’issue. Et il ne se passe plus grand chose. Après une expérience aussi intense que comique dans les Cévennes, il est difficile de ne pas être affecté par ce manque d’audace qui plombe le grand final…
D’ailleurs, voulant pousser la démence à son paroxysme, le film tente une approche pseudo-imaginaire ridicule et se débarrasse de Vincent Elbaz de façon expéditive. Incompréhension complète. Sans compter l’image finale, bien trop imagée, nous laissant ce sentiment de dénouement bâclé…
[Bande-annonce – Le Livre des Solutions]
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