3/5
Synopsis
Journaliste politique en disgrâce placée à la rubrique football, Mademoiselle Pove est sollicitée pour suivre l’entre-deux tours de la campagne présidentielle. Le favori est Pierre-Henry Mercier, héritier d’une puissante famille française. Troublée par ce candidat qu’elle a connu moins lisse, elle se lance dans une enquête aussi étonnante que jubilatoire.
Critique
« Alors que « Adieu Les Cons » continue de résonner dans l’esprit des Français, Albert Dupontel revient avec une satire politique à la fois drôle, sombre et piquante. Pourtant, même si « Second Tour » reste agréable, on se demande rapidement où est passé le dynamisme condensé du réalisateur. A voté ? Pas vraiment…
La vision brutale d’une démocratie biaisée
« Second Tour » se présente comme une fable jubilatoire, paradoxalement proche d’une réalité peu réjouissante. En effet, le film s’attaque sciemment à un certain nombre de portes ouvertes, tels que l’urgence climatique, la puissance financière et l’indépendance des médias.
Mais il remet surtout en question la sincérité inexistante des représentants politiques. Albert Dupontel a cherché à exprimer la vision brutale d’un monde dans lequel les apparences jouent un rôle crucial. Critique et incisif à l’égard d’une démocratie qu’il estime biaisé, le réalisateur a écrit cette histoire utopique sur-mesure.
« La journaliste et la politique » – Une fable by Dupontel
Pierre-Henry Mercier incarne la copie conforme et stéréotypée d’un personnage politique, tel que nous la connaissons tous. Il prétend vouloir intégrer le système pour le changer, mais son discours est banal et ses promesses sont fades et conventionnelles.
En face de lui, nous retrouvons Mademoiselle Pove, interprétée par Cécile de France. Digne d’un personnage de bande-dessinée, l’actrice incarne une femme gracieuse, dont l’art du verbe et de l’insulte contraste fortement. Lassée d’entendre toujours les mêmes mots, elle multiplie les grossièretés et les provocations.
Ce rôle de journaliste en colère dresse le portrait d’une professionnelle intègre ayant une très haute estime de son métier. Drôle et attachante, elle n’hésite pas à transgresser les règles pour défendre ce qu’elle estime être juste. Même si elle travaille pour un média dépendant de grandes finances…
Finalement, ironie du sort, à l’instar d’une fable de La Fontaine, « La journaliste et le politique » sont deux personnages conventionnels qui appartiennent pieds et poings liés à un système qu’ils aspirent à renverser.
Nicolas Marié, comme un ami de longue date
Qui dit Albert Dupontel dit incontestablement Nicolas Marié ! Comme un ami de longue date, les retrouvailles avec l’acteur sont toujours un plaisir. Drôle et talentueux, il remplit cette fois-ci le rôle secondaire le plus essentiel au récit. Il incarne un journaliste de l’ombre contraint de s’immerger dans la campagne politique, alors qu’il adore être dans la rubrique football.
Pour l’anecdote, le comédien déteste ce sport et n’y connait absolument rien ! Il a donc dû apprendre toutes les subtilités du milieu pour créer des blagues sur mesure ! Être acteur est un jeu d’immersion, et sa performance résulte d’un brillant travail de composition. Un régal !
Des complications scénaristiques
Albert Dupontel est réputé pour être un réalisateur plein de surprises. Il crée des films généralement courts, parsemés de trouvailles burlesques. Cynique et ardu, il intègre même parfois une violence urbaine, résolument moderne.
Cependant, alors que le titre de ce nouveau métrage promet le récit d’un combat politique, le film s’inscrit étonnement dans une ligne calme et émotive.
Puis le récit s’embourbe dans de nombreuses complications scénaristiques. Inutiles et confuses, le réalisateur mélange plusieurs histoires superposées les unes aux autres, et ce mélange d’éléments finit parfois, par tristement nous perdre.
« Second Tour » n’est autre que la vision idéalisée et très personnelle d’Albert Dupontel sur la politique française. Dans ce film, il promeut l’utopie d’un représentant qui renversera le système, et qui laissera les grandes décisions du pays à des experts directement concernés, comme des médecins ou des professeurs.
Même si moins surprenant que « Adieu Les Cons », la patte Dupontel reste présente. Elle est engagée, et elle a envie de parler de son époque. Les ficelles sont grosses, parfois balourdes, mais il demeure une sympathie inexplicable qui compense partiellement notre déception.
[Bande-annonce – Second Tour]
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