
4/5
Synopsis
En pleine représentation de la pièce « Le Cocu », un très mauvais boulevard, Yannick se lève. Il interrompt le spectacle pour reprendre la soirée en main. A sa façon.
Critique
Disparu des radars depuis « Fumer fait tousser », Quentin Dupieux fait son grand retour avec « Yannick », un film surprise au format inédit. Avec un regard neuf, le réalisateur propose un huit-clos explosif, dominé par une exigence d’écriture de haute volée.

Raphaël Quenard, la naissance d’un acteur
Son visage vous dit quelque chose mais vous n’avez pas encore mis de nom dessus. Et c’est normal puisqu’après trois ans de carrière, il s’agit du premier métrage dans lequel Raphaël Quenard porte l’affiche à lui seul. Un film qui lui a été écrit sur-mesure par Quentin Dupieux ! Cette mise en avant le propulse comme la nouvelle coqueluche du cinéma. Et qui sait, peut-être sera-t-il au premier rang des prochains Césars ?
Quoi qu’il en soit, grâce à un jeu de rôle puissant, presque schizophrénique, c’est en tant que « Yannick » que l’acteur entraîne avec lui un trio de comédiens d’ores et déjà confirmés. Habitué à l’humour noir, Blanche Gardin baigne dans sa zone de confort. A ses côtés, un duo masculin, composé de Sébastien Chassagne et de Pio Marmaï. Les compères dégagent une énergie si puissante qu’elle encourage Raphaël Quenard jusqu’à l’admiration.

Un film plus politique qu’il n’y parait…
Derrière ses airs de comédie potache, « Yannick » est un film bien plus politique qu’il n’y parait.
Yannick est garagiste. Il vit dans la banlieue parisienne, à Melun dans le 77. Pour venir voir ce spectacle misérable, il a sacrifié une journée de congé et il s’est tapé une heure de transports. Il ne sait d’ailleurs pas comment il va rentrer. Bien que cela soit hilarant, lorsqu’il se lève pour manifester son mécontentement, il y a un une empathie envers son discours.
Or, ce désagrément va le mettre en confrontation directe envers les autres spectateurs dans la salle. Des personnes moins compréhensives car ils habitent la capitale et ne rencontrent pas les mêmes contraintes. Au gré d’échanges avec certains d’entre eux, le film se dessine progressivement comme un affrontement de classes entre banlieusards et citadins, classe moyenne et bourgeoisie, ou encore ouvriers et intellectuels.
Mais « Yannick » ne s’arrête pas là ! En nous surprenant lors de la toute dernière scène, c’est avec émotion que le garagiste devenu preneur d’otages se révèle être un artiste bafoué, qui n’a pas réussi là où il aurait aimer aller… Une critique assumée sur les défaillances d’un ascenseur sociale, loin d’être aussi accessible qu’il n’y prétend. Particulièrement dans le milieu artistique.

La revanche de Quentin Dupieux
Quentin Dupieux dit avoir été inspiré pour faire ce film il y a des années, suite au refus de son premier scénario. Comme un pied de nez à l’industrie du cinéma, il estime ne pas vouloir attendre que quelqu’un lui accorde une autorisation de faire ce qu’il souhaite.
Ayant pris goût à cette flamme du film interdit, le DJ devenu réalisateur adore créer la surprise. Celle que personne ne voit venir ou que personne ne pense à produire. Et c’est désormais ce qui constitue sa marque de fabrique.
Réalisé à l’abri des regards en seulement six jours, « Yannick » est été préparé tel un atelier. Réclamant une grande liberté de la part des acteurs, les figurants assistaient au tournage sans connaître le sujet du film. Une idée casse-gueule, remplie de techniques hors d’usage, dans laquelle est née cette fabuleuse pépite, assignée comme le meilleur Dupieux à ce jour.
[Bande-annonce – Yannick]
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