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Synopsis

Astrid la femme d’un célèbre avocat. Silencieuse depuis 25 ans, elle voit son équilibre familial s’effondrer lorsque ses enfants se mettent en quête de justice.

Critique

En s’inspirant de l’affaire Dutroux, le réalisateur Joachim Lafosse explore les multiples facettes d’un ténor du barreau. Incarné par Daniel Auteuil, cet avocat réputé se retrouve englué dans une affaire en tant que partie civile. Derrière cette façade publique, l’homme cache une personnalité sombre et malsaine qui empoisonne la sphère familiale.

« Un Silence » nous plonge dans le prisme de son épouse, dévoilant comment est-ce que son foyer est sur le point d’imploser.

La culpabilité du déséquilibre familial

« Un Silence » se présente comme un thriller assourdissant, qui raconte la fracture d’une famille bourgeoise sous le poids du silence et des non-dits. Le père, un avocat populaire, est surtout un pédophile ayant agressé l’un de ses fils, trente ans auparavant. Ce traumatisme, sagement éclipsé, est sur le point d’exploser.

Quelques mois après « Le Consentement » mettant en cause l’écrivain Gabriel Matzneff, le réalisateur intervient dans une époque où la parole se libère de plus en plus, et où les luttes sont désormais assumées. Malgré certaines scènes parfois dérangeantes, Joachim Lafosse a souhaité illustrer le courage requis pour les victimes lorsqu’elles agissent, même des années après, face à la culpabilité du déséquilibre familial.

Tout se sait, rien n’est dit

« Un Silence » est d’autant plus prenant que le film porte son attention sur la cassure du socle parentale. On comprend dès le début qu’une affaire médiatique est liée à la profession judiciaire du père sans trop savoir de quoi il s’agit. On le découvre au fur et à mesure mais ce sujet est vite relayé au second plan.

Ce qui importe, c’est ce qui se déroule à l’intérieur de la maison, échappant au regard des journalistes. Entre quatre murs, le film dévoile la face cachée d’une famille dévastée. Et c’est ici que le titre prend progressivement toute sa signification. Car, même si tout se sait, rien n’est dit.

Derrière chaque homme, se cache une femme

Cette citation de Tayllerand est bien connue : « Derrière chaque homme, se cache une femme. » Brillamment interprétée par Emmanuelle Devos, Astrid apparaît comme la défenseure ultime du diable au sein de son propre clan. Même si elle est consciente des actes et des tendances douteuses de son mari, elle s’efforce de maintenir une sorte de d’ignorance.

Tiraillée par une multitude de sentiments qui la rongent, Astrid court dans tous les sens, s’essouffle, tentant de couvrir son fils, son mari, et de contenir ses enfants pour les empêcher de porter plainte. Elle cherche à sauver les apparences, mais son désir le plus profond est d’hurler sa douleur.

Bien qu’elle défende un personnage des plus détestables, on ne peut s’empêcher de ressentir une grande compassion pour elle. Elle est entourée de personnes qui tentent de la rassurer, de la faire réagir, et surtout, de la faire parler. Ses enfants devenus adultes, son fils adoptif encore à la maison, son avocate, puis la police, tous interviennent pour la rassurer et la pousser à s’exprimer. Mais conditionnée pendant des années, elle peine à briser cet affreux silence qui la retient…

« Un Silence » est un film remarquable. Calme, captivant, et d’une maîtrise impressionnante, il illustre comment le silence peut agir comme un poison insidieux. Les conséquences sont souvent graves, mais ce métrage nous enseigne qu’il n’est jamais trop tard pour agir…

« Ce qui me fait peur, ce n’est pas la parole des méchants mais le silence des justes » – Ghandi

[Bande-annonce – Un Silence]